Réaction...

 

Astrologie :
Lettre ouverte au site d’information Slate.fr

par Serge BRET-MOREL

 

Pour en finir avec la précession des équinoxes
opposée à l’astrologie

 

Vous avez publié l’article Horoscope : votre signe astrologique est faux paru le jeudi 13 janvier 2011, lequel traite d’histoire de l’astrologie et circule abondamment sur internet. En tant que titulaire d'un Master en histoire et philosophie des sciences (Sorbonne, 2006), et auteur d'un site internet consacré à la critique de l'astrologie, j'aimerais vous rappeler qu'il faudra commencer un jour à vous interroger sur les limites de compétence des astronomes en matière d’histoire des sciences (ici l’histoire de l’astronomie). Il y a d'autres professionnels pour cela.

Il est inadmissible qu'avec l'astrologie les journalistes s’autorisent à être victimes de l'argument d'autorité ! Non les astronomes n'ont pas autorité en histoire, et vous devriez le savoir.

 

Ainsi non, il n’est pas admis que « les babyloniens ont fondé les signes du zodiaque sur la constellation dans laquelle le soleil est le jour où une personne naît. Le découpage en 12 parties égales de l’écliptique a eu lieu vers 800 av. JC pour des raisons uniquement calendaires, pas pour des raisons astrologiques (Les dossiers d’archéologie N°191, mars 1994, encore référence en la matière). Vous imaginez que cela amène à des problématiques bien plus complexes. De plus, les devins mésopotamiens plaçaient alors les planètes dans 3 « voies » qui ne laissent pas apparaître le zodiaque (tablettes MUL/APIN, ~1200 av.JC).

Il est absurde aussi d’écrire que « L’astrologie est principalement fondée sur l’observation des cieux » : tous les astres ne sont pas levés que la nuit ! Et puis tous les critiques s’accordent parallèlement pour reprocher à l’astrologie de ne plus observer le ciel, de ne plus faire d’astronomie : il faudrait savoir ! Le système astrologique permet de calculer les positions des astres sans avoir recours à l’observation directe…

Il est enfin faux d’écrire que les Babyloniens avaient 13 constellations alors que la voie de la lune en contenait encore 18 vers 1.100 av. JC ! L’histoire de l’astronomie Babylonienne s’étend sur plusieurs millénaires, il est inadmissible de caricaturer l’histoire des sciences de la sorte.

 

Les travaux universitaires des historiens de l'Antiquité contredisent cette approche naïve, comme je l'ai rappelé ici "Faut-il rénover la critique de l'astrologie ? "http://www.lastrologie-et-la-raison.net/renover_critique.htm

-          L’astrologie que nous connaissons est récente, elle est postérieure et différente de la divination astrale mésopotamienne qui n’a découvert que très tard, vers 500 av. JC, que l’on pouvait prévoir le mouvement des planètes (pas de prévision possible auparavant !).

-          Mis à part les signes astrologiques, les composantes du système astrologique sont RECENTES et apparues pour la plupart APRES la découverte de la précession des équinoxes vers 150 av. JC. L’astrologie que nous connaissons aujourd’hui n’est donc pas passée des constellations aux signes astrologiques ! elle s’est formée lentement, et postérieurement à cette date.

-          C’est un astrologue-astronome, Ptolémée, qui 300 ans plus tard, a codifié l’astrologie des signes vers 150 ap. JC, les astrologues n’oublient donc pas la question de la précession. C’est au contraire celle-ci qui a mené alors, à une mutation de plusieurs siècles. Accuser les astrologues d'oublier la précession c'est une insulte à l'histoire de l'astronomie, et à la connaissance universitaire qui n'a fait que le rappeler depuis longtemps.

-          Il existe donc DEUX zodiaques, celui des constellations et celui des signes astrologiques. Ce dernier a été adopté sciemment après au moins 600 ans de coexistence et d’adaptation (revue universitaire Sciences et Techniques en perspective, 2ème série, vol. 6, 2002), pour régler le problème de la précession et pour ne pas subir la dérive des saisons. Pourquoi l’astrologie devrait-elle revenir aux constellations alors que les contradictions qui en découlent sont connues ? Le problème est posé à l’envers par CERTAINS sceptiques, à eux d’expliquer la pertinence d’un tel retour aux constellations alors qu’elles sont, autant que les signes astrologiques, des objets théoriques… il n’est donc pas contradictoire d’avoir le Soleil à la fois DANS le signe des Poissons et DANS la constellation du Verseau

 

Mais même des astrophysiciens français ont dénoncé l'argument sur la précession des équinoxes comme étant erroné et contredit par les astrologues comme je le rappelle ici dans ma réponse à l'AFIS à propos de sa critique traditionnelle de l'astrologie : "Science et Pseudo Science N°287 : le chant du cygne de la critique traditionnelle de l'astrologie ?" http://www.lastrologie-et-la-raison.net/sciences_pseudosci.htm

Puisque vous devez viser à une information juste et référencée, cette dernière référence des astrophysiciens Kunth et Zarka qui critiquent durement l'astrologie tout en s'opposant à l'argument devrait figurer dans votre biblio : Kunth et Zarka, Que sais-je ? L'astrologie, Presses universitaires de France, 2005, p73 LA BONNE QUESTION DEVRAIT ETRE : POURQUOI LA CRITIQUE NE TIENT-ELLE PAS COMPTE DE L'AVIS CONTRAIRE DE CES DEUX ASTROPHYSICIENS ? ou mieux : pourquoi ne pose-t-elle pas la question des désaccords de la critique sur ce point ? Si leurs arguments sont discutables, pourquoi ne sont-ils pas discutés ???

 

Mais pour aller un peu plus loin, ne faudrait-il pas s’interroger aussi sur les raisons plus pragmatiques pour lesquelles la critique refuse d’abandonner l’argument de précession ? Cet argument, bien qu’erroné puisque l’astrologie que nous connaissons a grandi dans le zodiaque des signes et pas celui des constellations, est facile à expliquer aux non initiés ainsi qu’aux journalistes. Et puis combien croient encore que les astrologues utilisent les constellations ? Ce serait bien dommage de ne pas pouvoir emporter si facilement la conviction…

De plus, aucun média ne donne la parole à un astrologue compétent sur l’histoire de l’astrologie. Dans toute autre discipline le journaliste irait chercher de tels ouvrages, mais l’astrologie n’a pas cet honneur. On se contentera de contacter le premier horoscopeur médiatique qui vient à l’esprit, en omettant juste le fait qu’il n’est pas recruté par les médias pour ses compétences astrologiques, ou mieux, en histoire de l’astronomie, lesquelles sont non mesurables. Il est donc triste que le prisme médiatique de l’astrologie soit nourri par ce genre de dérive déontologique.

 

Aurez-vous l’honnêteté, mais surtout le courage de publier ce véritable droit de réponse lancé par la Fédération Des Astrologues Francophones et si politiquement incorrect vis-à-vis des bêtises astrologiques publiées habituellement ? Nous l’espérons sincèrement, car vous ne mesurez vraiment pas l'impact négatif de ce genre de texte alors qu'aucun astrologue compétent n'a accès aux médias traditionnels.

 

Je ne suis plus astrologue depuis des années, d'où ma compétence dans la critique.

En espérant une réaction de votre part,

Serge Bret-Morel
Master en histoire et philosophie des sciences

Le 14 janvier 2011

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Bilan critique de l'Astrologie
Prologue à une rénovation de la critique

 

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