Billet d'humeur

 
de Muriel ROJAS

LA FDAF : Fédération Des Astrologues Fratricides ?

A l’heure où centrés sur nos petits nombrils nous nous perdons en digressions - dont des attaques personnelles savamment déguisées - pour justifier nos prises de positions respectives, nous oublions l’essentiel : la position de la FDAF ne devrait pas se discuter.

Ce n’est pas au nom d’une pensée unique voire d’une tentative de monopole que notre conception de l’astrologie ne se discute pas mais simplement parce que la FDAF est née d’un désir d’alternative à l’astrologie objectale, en mettant la personne au-dessus de la technique astrologique : d’objet d’étude (ce qui l’assimilait à son thème), l’homme devient sujet et peut accepter ou rejeter ce que décrit son thème, qu’il en soit conscient ou non, au gré de ses expériences. En signant leur adhésion, ce que les déçus ou antis de la FDAF ne veulent pas admettre – parfois au bout de longues années ! - c’est qu’ils approuvaient  cette approche « révolutionnaire ». Seulement il leur faudrait admettre aujourd’hui s’être engagés impulsivement – voire pour certains stratégiquement ? – ou encore s’être laissés berner ( ?) par le baratin  de Mr de Chivré et de ses acolytes d’alors… Il leur faudrait aussi sortir de ce que l’on pourrait appeler des « relations objectales », à savoir sur-interpréter  le propos de celui que l’on considère comme un adversaire, sans même  prendre le temps de vérifier sur quelles bases (ses connaissances, son expérience) il développe son point de vue. Pire, on a lu ou entendu des détournements de thème : Mr ou Mme X pense ou écrit cela en raison de tel aspect natal, de tel transit… Pourquoi pas de nos cycles hormonaux ? Si les paroles s’envolent les écrits restent, notamment l’article 2 des statuts de la FDAF nommé « objet social » :

Article 2 Objet social

Cette Fédération a  pour but de réunir les astrologues  professionnels  et amateurs, les associations astrologiques existantes en vue de les fédérer autour des grandes lignes d’actions suivantes :

-  promouvoir une image sérieuse et cohérente de l’astrologie et faire respecter son identité culturelle

- informer le grand public sur le rôle de l’astrologue, sur les grands principes de la pratique astrologique et  sur les différents courants existants dans les pays francophones

- aider la presse et les médias à développer une information de qualité sur l’astrologie  et dénoncer toute assimilation abusive avec la divination

- établir (en concertation avec les  associations  astrologiques  existantes) un dialogue avec les pouvoirs publics sur la reconnaissance éventuelle  du titre et du statut de l’astrologue ainsi que sur les problèmes liés à la pratique professionnelle

-  promouvoir l’ensemble  des activités de recherche, d’enseignement et de conseil, et encourager les initiatives destinées à améliorer la qualité de la pratique astrologique

- faire respecter le code de déontologie par l’ensemble des praticiens  et porter à la connaissance du grand public l’existence de ces grands principes d’éthique

- défendre les intérêts des professionnels et leur apporter un soutien logistique (conseils juridiques, aide à l’installation, fiscalité, actions-presse communes, manifestations culturelles et promotionnelles, etc ...)

- faire en sorte que les astrologues enseignants se mettent d’accord sur une  normalisation  de leur enseignement ou  sur  un système d’inter-reconnaissance entre écoles

- faciliter la constitution de cercles de réflexion interdisciplinaires  et mettre en place des programmes  de formation continue pour les astrologues professionnels (psychologie, conduite d’entretien, gestion, comptabilité, etc ...)

 

 

a)      Sur quels critères « promouvoir une image sérieuse et cohérente de l’astrologie », voire plus encore de l’astrologue? A quoi font référence « l’astrologie de qualité » et l’inclination non déterministe du code déontologique ? Au jour d’aujourd’hui les astrologues adhérents, quel que soit leur degré d’expérience, n’ont jamais formulé de réponse précise ou n’ont pu dépasser la promotion de leur propre chapelle. Les boucliers qui se lèvent actuellement contre la FDAF ont raison sur un point : mettre au second plan la prévision c’est interroger l’identité de l’astrologie. Or si l’on pousse plus loin la curiosité, on risque de faire une découverte douloureuse : l’astrologie, lorsqu’elle n’est pas prédictive (divinatoire) ou outil de prévision ne se suffit peut-être pas à elle-même pour aider l’homme à se connaître et à comprendre sa place dans l’univers. TELLE EST  LA QUESTION POLEMIQUE AU CENTRE DU DEBAT ET A LAQUELLE LA FDAF SOUHAITERAIT REPONDRE EN FEDERANT DES CHERCHEURS INTERDISCIPLINAIRES. Voilà son véritable objet social depuis 12 ans, et certainement pas d’empêcher la prévision ou la prédiction comme s’en offusquent les bien pensants lecteurs en diagonale !

 

b)      Quels critères encore pour « établir (en concertation avec les  associations  astrologiques  existantes) un dialogue avec les pouvoirs publics sur la reconnaissance éventuelle  du titre et du statut de l’astrologue ainsi que sur les problèmes liés à la pratique professionnelle » ? Rappelons que les politiques demandent depuis 12 ans à la Fédération de faire son travail avant toute revendication (dont la reconnaissance et l’aide au financement des formations) soit de mettre d’accord les groupuscules de la Babel uranienne.

 

c)      « Informer le grand public sur le rôle de l’astrologue, sur les grands principes de la pratique astrologique et sur les différents courants existants dans les pays francophones »(,). Encore un projet laissé à l’abandon, faute de participants ou en raison de leurs « rivalités », à quelques exceptions près. Gloser sans fin  sur des thèses théoriques oui, exposer sa méthode de travail à travers des études de cas, non. Et encore, si l’on respecte l’idéologie dominante ! Rédactrice de la Lettre pendant 2 ans j’ai régulièrement reçu des suggestions de censure plus ou moins explicites (concernant Serge Bret-Morel ou les conditionalistes, pour ne citer que les plus hérétiques). Au nom de la tolérance et du respect des idées, naturellement.

 

d)      « Aider la presse et les médias à développer une information de qualité sur l’astrologie (…)» : là aussi parlons-en ! Contactée par le Point pour une rubrique astrologique, et les ayant convaincus de ne pas publier d’horoscopes mais des portraits, j’avais obtenu également de promouvoir la FDAF dont le discours non prévisionnel les avaient séduit. C’est alors que certains membres se sont empressés d’écrire au journal pour plomber la rubrique…ou de proposer leurs services ! Motif invoqué : je me faisais de la publicité sur le dos de la FDAF ! Aucun n’avait dû lire ma présentation vantant le sérieux de la FDAF et de ses adhérents... Résultat : amusement des journalistes et effet arroseur arrosé, ces « zorros » étant passés pour des « zozos ». Hélas la FDAF et ses « ambitions » de tribunes utiles avec.

 

e)      « Promouvoir l’ensemble  des activités de recherche, d’enseignement et de conseil, et encourager les initiatives destinées à améliorer la qualité de la pratique astrologique » : sans doute le plus clair de tous les alinéas…et le moins appliqué ? Il y est écrit noir sur blanc que TOUTES les pistes de recherches doivent être encouragées pour améliorer (donc vraisemblablement transformer tôt ou tard) les applications concrètes de la grille astrologique, les façons dont on l’utilise et non la pense. Lorsqu’il s’agit d’ajouter des corps célestes ou de grappiller des techniques dans d’autres disciplines cela marche plutôt bien. En revanche, dès qu’il est question de se concentrer sur peu d’éléments (ex : seulement 10 astres) ou d’en bouleverser la méthodologie traditionnelle (ex : le RET), l’affaire se corse… Ceci explique sans doute pourquoi en dépit des efforts de nombreux adhérents, le projet de « tronc commun astrologique » n’a jamais pu dépasser son stade embryonnaire.

 

f)        « Faciliter la constitution de cercles de réflexion interdisciplinaires et mettre en place des programmes de formation continue pour les astrologues professionnels (psychologie, conduite d’entretien, gestion, comptabilité, etc ...) ». Notre porte serait ainsi ouverte à d’autres professions pour échanger, (se) réfléchir, mais là encore curieusement ça ne fonctionne que dans un sens ! L’astrologue peut créer des correspondances entre aspects et complexes psychologiques, par exemple, mais le professionnel de la relation d’aide ne peut intégrer la grille symbolique astrologique à son travail sans être accusé d’homicide. Pour quelle raison ? Il n’est pas astrologue, il ne sait pas de quoi il parle sauf s’il est déjà (très) connu ou susceptible d’apporter un réseau intéressant aux défenseurs de la seule, la véritable astrologie. Quant au cas scandaleux de tous ces « scientifiques » qui s’autorisent à tester l’influence physique réelle des astres sur nous, quand ils ne se posent pas carrément la question de sa pertinence… Seulement, comment mettre en place cette discussion autrement qu’en invitant des professionnels d’autres secteurs à participer au débat ? Chacun y va de son petit couplet sur la liberté pour justifier l’outrage – je sais de quoi je parle avec un Soleil Verseau en XI – en omettant que celle-ci implique la responsabilité de ses choix, de ses actes et pas seulement la « rebelle attitude » de l’ado qui fait « ce qu’il veut, quand il veut ».

 

Quoi qu’il en soit, reporter sur l’autre la responsabilité d’un choix que l’on regrette n’est pas la solution, projeter sur lui ses craintes en en faisant l’ennemi à abattre non plus. La seule question valable aujourd’hui ce n’est pas comment convaincre celui que l’on estime être dans l’erreur ou le punir d’avoir fauté, mais de choisir en toute liberté « son » astrologie en respectant les options d’autrui. Je ne cesserai d’insister sur ce point : il existe une multitude d’espaces associatifs où la prévision se taille la part belle, libre à ses défenseurs de s’y retrouver. Libre à eux de donner leurs DN s’ils le souhaitent…ou de ne pas le faire, sans que soit remise en cause leur honnêteté. Connaissez vous beaucoup de banquiers mettant à nu leurs comptes ou portefeuilles d’actions pour se justifier auprès de clients potentiels ? Connaissez-vous beaucoup de psys se définissant par leurs névroses, ou le contenu de leurs rêves, lorsqu'ils se présentent ? Moi non ! Il parait que cette « maladie » se nomme la pudeur et qu'elle se caractérise par l'idée saugrenue que l'intimité est d'ordre privé. Certes, un concept de moins en moins accessible dans une société hyper médiatique où devenir people apparaît comme une panacée. Alors pourquoi pas une approche NATURISTE de l’astrologie tant que l’on y est ? Puisque, lorsqu'on n’a rien à cacher, on doit le prouver en se mettant « à poil » publiquement... Voilà un bel exemple de modernité et de largesse d'esprit. A noter pour l’anecdote qu'en Chine, un pays aux traditions fortes quoiqu'en mutation et où l'astrologie est centrée sur l'oraculaire, il est totalement déplacé de donner ses coordonnées de naissance. Mais leur astrologie est sûrement moins performante que la nôtre, à moins que la carte du ciel de leur pays ne nous fournisse une explication ? Formée par Alain de Chivré je n’ai malheureusement pas la compétence pour répondre à cette question !

 

Nouvelle plaisanterie mise à part (la place de comique semble vacante et en ce qui me concerne je reste consciente que la terre ne s’arrêtera pas de tourner pour écouter nos glorieux débats), ce serait aux dernières nouvelles un droit constitutionnel que de pouvoir exprimer son opinion dans un régime démocratique ; c’est sur cette idée que s’est construite la FDAF et que les adhérents ayant signé par conviction son code déontologique – j’en fais partie – s’étonnent aujourd’hui d’une telle agressivité envers eux. Existerait-il aussi en astrologie une orthodoxie ?

 

A mon tour d’être surprise du manque de charité de ceux-là mêmes qui prétendent défendre le droit à l’erreur au nom de ses vertus pédagogiques ; si je ne suis pas « astrologue » - pas plus que quiconque, d’ailleurs puisque aucune formation n’est reconnue à ce jour  - je suis professeur de français. C’est à ce titre que j’aimerais souligner que l’erreur n’est gage d’apprentissage que si l’enseignant la relève et la corrige en astrologie tout comme dans d’autres disciplines, ce qui n’exclue nullement la compassion devant les efforts ou les bonnes intentions de l’apprenti balbutiant. Libres à vous de jouer les Chronos dévorant ses enfants ou les « mentors » bienveillants en nous laissant aller au bout de nos découvertes, quand bien même elles n’iraient pas dans le sens de votre propre chemin. N’est-ce pas d’ailleurs le plus beau cadeau qu’un professeur puisse faire à un élève : lui transmettre les outils pour nourrir sa réflexion, en l’autorisant à le « dépasser » un jour en transcendant ses théories, voire peut-être en apportant sa propre pierre ou défendant d’autres thèses ?

Muriel Rojas                  

 

 

 

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