Réflexions d’un Catholique Romain, Astrologue ... et fier de l’être

 

Il y a quelque chose de très réconfortant dans la position du Saint Père, à quoi je suis très sensible. En nous rappelant que « l’homme aimerait savoir avant ce qui arrivera après, de façon à ne pas être pris par surprise » et que « Jésus nous exhorte à ne pas chercher inutilement à connaître tout ce qui est réservé à Dieu » il admet implicitement que ce savoir ou cette connaissance nous sont possibles. Sans quoi sa mise en garde n’aurait aucun sens : on ne condamne pas ce qui n’existe pas. Position infiniment plus intéressante et pleine de possibles que celle adoptée par l’Union Rationaliste par exemple, qui rejette une astrologie qu’elle ne connaît pas et qu’elle ne pourra jamais rencontrer sauf à chausser d’autres lunettes que l’idéologie et le sectarisme.

La prévision astrologique – qui ne représente qu’une faible partie de la pratique véritable de cette discipline – est possible et n’importe quel astrologue compétent peut en fournir de multiples preuves. Il m’est arrivé personnellement d’étudier le thème de personnes dont on m’avait soigneusement caché l’identité et de tracer d’elles un portrait, un itinéraire de vie et des probabilités d’évolution parfaitement confirmées par les faits.

Ceci dit - et en souriant un peu de cette énumération de bazar oriental (magie, spiritisme, sorcellerie, boules de cristal, etc) sous laquelle on catalogue la discipline astrologique pour la seule raison qu’on ne la connaît pas - condamner la « prévision », le désir d’anticiper l’avenir et de le préparer du mieux possible, revient à condamner tout ce qui dans notre société moderne s’occupe justement de prévisionnel, de prospective et d’anticipation. Cela fait beaucoup de monde et  beaucoup d’activités honorables. Sur le plan politique, social, militaire, économique, commercial, éducatif, médical, etc, toutes sortes de personnes, de services, d’organismes nationaux et internationaux, officiels ou discrets s’occupent uniquement de « prévoir » puis de « prévenir » à grands coups d’enquêtes, d’études et de statistiques. En commençant par les « Instituts de Sondages » qui vivent grassement de leurs erreurs permanentes.

Faudra-t-il condamner toutes ces activités sous prétexte que NSJC n’a pas songé à les encourager dans leurs démarches, et devrons-nous imiter Gandhi qui, après lecture de la Baghavad-Gita, résilia l’assurance sur la vie qu’il avait souscrite au bénéfice de sa femme et de ses quatre enfants puisque Dieu ne pouvait pas les laisser démunis s’Il rappelait son serviteur Gandhi près de Lui ? Vous représentez-vous la tête des dirigeants (et des employés) de nos grandes compagnies d’assurances ? Et qui nous dit que « l’assurance » n’est pas le moyen voulu par Dieu pour prévenir et se protéger ? Et en quoi « s’assurer » est-il contradictoire avec la foi la plus ardente ? Celle-ci ne consiste-t-elle pas uniquement à croire du plus profond de son cœur que le Christ est notre Sauveur et qu’en Lui seul se trouvent les clés de la Vie éternelle car Il est la Voie, la Vérité, la Vie ? Nous dispense-t-elle pour autant à brûler les « stop » et à chevaucher les lignes blanches pour éviter de nous tuer ?

Pourquoi tout confondre ?

N’est-il pas aussi écrit quelque part « Aide-toi et le Ciel t’aidera » ? Et chercher à déblayer quelque peu l’itinéraire sur lequel Dieu nous a engagés, n’est-il pas une façon de s’aider soi-même et de refuser de se laisser porter comme une feuille au vent ? N’avons-nous pas des devoirs d’état et ces devoirs n’exigent-ils pas que nous sachions qui nous sommes et comment nous diriger individuellement pour accomplir ces devoirs du mieux possible ?

C’est là que réside le but véritable d’une étude astrologique, qui n’a rien à voir avec les vaticinations plus ou moins inspirées de nos faiseurs(ses) d’horoscopes quotidiens, hebdomadaires ou annuels. Toute profession comporte son lot de sophistes et de dévoyés, devrons-nous juger de l’honneur et de l’utilité d’une profession à l’image qu’en donnent ceux qui la prostituent ? Devrons-nous essayer de comprendre ce qu’est l’amour en lisant Platon, Saint Augustin, Sainte Thérèse d’Avila ou la dernière vomissure pornographique à la mode ?

Il faut faire le ménage chez nous astrologues ? C’est sûr et au moins deux associations très courageuses s’y emploient en France : la FDAF[1] et le RAO[2] qui essaient, avec beaucoup de courage et de désintéressement, d’organiser la profession et de définir des critères professionnels rigoureux : formation, pratique, déontologie, contrôles. Mais elles ne peuvent tout faire et il faudra bien un jour qu’un dialogue s’institue avec les autorités pour que notre discipline et notre profession soient reconnues pour ce qu’elles sont : un apport aussi indispensable à la culture humaine que la philosophie, la psychologie, l’art ou la médecine.

Sur le fond (c'est à dire sur la nature de l’astrologie que nous ne pouvons pas aborder ici) l’astrologie n’a rien à voir avec la lecture physique ou mécaniste que nous offre la science. Il s’agit de deux regards et de deux démarches aussi pertinentes l’une que l’autre mais à visées parfaitement autonomes, comme le sont l’acoustique (qui relève de la Physique) et la musique (qui relève de l’art). Le Mercure du scientifique et celui du philosophe-astrologue n’ont rien à voir l’un avec l’autre. L’un est un objet physique, l’autre est un mot qui appartient à une langue ; l’un est  nécessaire pour manifester l’existence immatérielle de l’autre. De même en ce qui concerne les caractères en plomb qui impriment les Évangiles et le sens des Évangiles eux-mêmes : sans les premiers nous ne pourrions pas lire les seconds. On pourrait donc dire, sur le plan philosophique, que l’astrologie est une phénoménologie du ciel.

Le ciel – outre son fonctionnement étudié par les astrophysiciens – est porteur d’un sens parce qu’il est avant tout projet d’un Créateur et que toute la Création, reflet d’un Intelligence originelle, a un sens pour qui sait l’interroger. Le ciel nous parle donc. Il manifeste en permanence un certain nombre d’orientations et d’intentions dans lesquelles s’inscrit notre itinéraire individuel que les astrologues s’efforcent de déchiffrer depuis quelques milliers d’années. Chercher à comprendre cet itinéraire individuel pour le vivre du mieux possible n’est pas concurrencer Dieu, ni l’Église mais au contraire chercher à se rapprocher de Lui et obtenir Ses grâces, et avoir recours à Elle dans ce qu’elle a d’irremplaçable : la sagesse de son Magistère, le secours de ses Sacrements tout au long de cet itinéraire personnel dans lequel elle doit nous accompagner mais qu’Elle n’a aucun moyen de connaître ès qualités.

L’Église, Corps mystique du Christ, est le bien commun de tous les êtres de foi et Elle dispose des clés du salut que Jésus confia à Pierre. Aucun astrologue catholique ne le contestera. Si bien qu’il peut, comme tout autre Catholique, dire son Credo tous les jours sans entrer en contradiction avec lui-même et en conflit avec Elle.

L’Astrologie, quant à elle, constitue une grâce spécifique, une carte marine que Dieu accroche au faîte de chacun de nos berceaux pour l’aider à comprendre un peu ce qu’il lui est demandé d’être et de réaliser. Cela découle naturellement du simple fait que Dieu, ayant imprimé Sa marque sur toute la Création, rien dans l’univers n’est étranger et séparé, mais tout, au contraire, s’épouse, se répond et s’éclaire mutuellement. L’Univers n’est pas une grande machine, c’est un grand être que Dieu a doté d’une vie spécifique parfaitement connaissable ; c’est aussi une grande pensée où nous pouvons trouver sens à nos destinées par le jeu subtil des correspondances et des homologies où se dévoile le projet en son entier.

L’astrologie n’a rien à voir avec un « prophétie » qui vous foudroie : elle est une discipline intellectuelle et morale qui interroge ; elle ne détermine pas le chemin individuel : elle l’éclaire ; elle ne remplace pas la mission de l’Église : elle est là pour la seconder; elle ne « sauve » pas : elle aide à comprendre les chemins tortueux et, parfois, à affermir les volontés chancelantes .

C’est pourquoi elle est irremplaçable quand elle est pratiquée avec le respect, l’amour et l’humilité qui sont la marque de vrai Chrétien.

Comme vous l’aurez compris, c’est un Astrologue Catholique Romain qui vous parle. Fier de l’être et reconnaissant à Dieu de lui avoir fait entrevoir certaines de Ses vérités les plus simples.

Louis SAINT MARTIN
Doctorat en Philosophie

 


[1] Fédération des Astrologues Francophones

[2] Rassemblement des Astrologues Occidentaux.

à lire aussi:

la lettre de LOUIS SAINT MARTIN adressée à Jean-Louis SERVAN-SCHREIBER, directeur de la publication de "Psychologies Magazine"