REPONSE DE LA FEDERATION DES ASTROLOGUES FRANCOPHONES
(principal organe représentatif de la corporation)
suite aux voeux du pape et à la condamnation des astrologues lors du traditionnel Te Deum
 
sous la plume de Ferdinand DAVID 

A l'occasion de ses voeux le 1er janvier, le pape, Jean-Paul II, selon la presse, a condamné une fois de plus l'astrologie, plus exactement a condamné en vrac, comme il est écrit dans l'Ancien Testament, devins, astrologues, magiciens, sorciers, enchanteurs, évocateurs de spectres et d'esprits, etc. (lire par ex. Deutéronome, 18, 10-14).

Déjà dans le "Catéchisme de l'Église catholique" publié par le Vatican  (Mame/Plon, 1992) , nous pouvons lire sous le titre "Magie et divination" § 2115 :

"Dieu peut révéler l'avenir à ses prophètes ou à d'autres saints. Cependant l'attitude chrétienne juste consiste à s'en remettre avec confiance entre les mains de la Providence pour ce qui concerne le futur et à abandonner toute curiosité malsaine à ce propos... Toutes les formes de divination sont à rejeter : recours à Satan ou aux démons, évocation des morts ou autres pratiques supposées à tort "dévoiler" l'avenir. La consultation des horoscopes, l'astrologie, la chiromancie, l'interprétation des présages et des sorts, les phénomènes de voyance, le recours aux médiums recèlent une volonté de puissance sur le temps, sur l'histoire et finalement sur les hommes en même temps qu'un désir de se concilier les puissances cachées. Elles sont en contradiction avec l'honneur et le respect, mêlé de crainte aimante, que nous devons à Dieu seul." Cette condamnation fait référence aux textes de l'Ancien Testament, ( Deutéronome 18,10 et Jérémie 29, 8) qui se trouvent ainsi à nouveau confirmés.

Il est nécessaire de rappeler que l'Église ne possède pas le monopole de la bonne définition de Dieu. Elle ne sait pas plus que les autres humains ce qu'est Dieu, ce qui lui convient ou qui ne lui convient pas. La notion de Dieu dans sa transcendance échappe à l'intelligence humaine; pape et prélats romains sont des hommes, simplement des hommes. L'Eglise ne possède donc aucune compétence particulière pour affirmer que l'astrologie déplaît à Dieu, qu'elle est contraire à la volonté divine et à la foi. Et de cette foi, le scientifique C.G. Jung, qui a tant cherché à retrouver la divinité dans l'homme, disait : "Ou bien je sais quelque chose et alors je n'ai pas besoin d'y croire; ou bien j'y crois parce que je ne suis sûr de le savoir". (La vie symbolique, page 162, Albin Michel 1989). Cette attitude vis-à-vis de la foi chrétienne nous semble très saine.

Nous comprenons parfaitement qu'en tant qu'institution sociale, l'Église, au nom d'une morale reconnue, condamne les charlatans en tous domaines parce qu'ils trompent les faibles et les naïfs qui ont besoin d'être éclairés et protégés. Mais elle ne dispose d'aucun droit pour condamner sans justification une discipline de l'esprit comme l'astrologie, qu'elle ignore. Si l'Église veut condamner qu'elle s'explique, qu'elle fournisse la preuve qu'elle connaît bien l'astrologie ... autrement que par les horoscopes de presse, tirages standards d'ordinateurs, révélations de stars médiatisées, littérature habituelle de nos détracteurs, etc. Qu'elle argumente sa condamnation dans un langage du XXIème siècle.

D'ailleurs papes, prélats romains et évêques eurent jadis, comme les rois et les princes, leur astrologue. Et pourtant les textes de l'Ancien Testament auxquels l'Église se réfère aujourd'hui existaient déjà depuis fort longtemps et leur étaient parfaitement connus. Nous les connaissons aussi, et ils firent beaucoup de dégâts au fil de l'histoire en causant de bien tristes condamnations et beaucoup de souffrances. Cela vaut la peine de les relire; en voici les références : Jérémie, 27, 9-10 ; Lévitique 19, 26 ; Deutéronome 18, 10-14 ; 2 Rois 21, 6 ; 2 Chroniques 33, 6 ; Isaïe 2, 6 ; Michée 5, II ; Daniel $2 et 5 ; Exode 20, 6 ; Isaïe 47, 13-15. L'un de ces textes dit : "Tu ne laisseras pas vivre la sorcière" .Il faut nous souvenir que l'Église, aujourd'hui encore, considère ces textes bibliques comme étant la parole de Dieu. Allons donc, nous ne sommes plus au Moyen Age, ni au temps des masses analphabètes.

Nous devons rappeler une fois de plus que l'astrologie n'a rien à voir avec la voyance ni avec aucun autre art divinatoire. Nous reconnaissons que l'astrologie possède ses charlatans et ses incompétents comme toutes les sciences humaines et comme l'Église avec ses prêtres pédophiles ou pire, par exemple. Nous regrettons que cette première discipline de l'esprit humain très difficile et longue à acquérir, ne reçoive aucune aide de la part du monde scientifique et de ses centres de recherche. Mais il existe des astrologues, très pauvres la plupart du temps et besogneux, les plus discrets, qui aident les personnes à mieux vivre, à mieux gérer leur existence, à se débarrasser de leurs complexes et culpabilisations, à trouver leur voie affective et professionnelle, etc. Dieu doit se réjouir de ce travail d'aide accompli dans l'ombre au moyen des lois universelles de sa Création.

Contrairement à l'Église qui ne s'occupe plus du tout de la Création et n'en parle jamais en tant que moyen de comprendre le Créateur par l'étude de ses oeuvres, l'astrologie est assise depuis toujours - bien avant les religions actuelles - sur les lois mêmes de la Création, et elle cherche sans cesse à les mieux comprendre. Bien avant les religions actuelles, le Créateur avait donné aux hommes les moyens de découvrir le sens et les processus de leur existence en observant la mouvance de la vie dans la Création. L'Univers est un, et tout est ainsi signifiant pour l'être humain qui est, d'ailleurs, un microcosme, un résumé de l'Univers- L'Eglise devrait connaître ces choses qui relèvent de la Création, donc de son Créateur dont elle s'affirme être le représentant exclusif sur la Terre.

Mais, à l'image de toutes les entreprises humaines, l'Église cherche à déprécier et à tuer toute concurrence, car, elle aussi, possède ses propres prophètes, saints et interprètes de songes. Elle assure qu'ils sont les seuls à être inspirés directement par Dieu, donc les seuls avec elle à posséder La Vérité. L'Eglise dispose d'une longue expérience à détruire les civilisations et à tuer les "'infidèles" qu'elle jugeait non conformes à sa vérité. Il faut rappeler ce passé. Au sujet de cette lutte contre la concurrence, il faut lire ce long texte que l'on trouve dans le Livre de Daniel aux chapitres 2 et 5; il rapporte une histoire qui permet à la Bible de démontrer l'impuissance des astrologues, devins, sorciers et magiciens "ordinaires" à interpréter le songe du roi de Babylone, Nabuchodonosor, tandis que Daniel, qui était en grâce auprès de Dieu, après avoir prié Yahvé avec ses compagnons, eut un songe envoyé de Dieu qui lui donna la bonne interprétation du songe royal. Car, rappelle la suite du texte, "c'est lui [Dieu] qui fait changer les temps et les moments, qui dépose les rois et établit les rois, qui donne la sagesse aux sages et la connaissance à ceux qui savent comprendre. C'est lui qui révèle ce qui est profond et caché, qui connaît ce qui est dans les ténèbres, et la lumière est avec lui".

L'Eglise est humaine. Elle n'est pas toujours de bonne foi. Dieu - quel que soit le contenu que nous donnons à ce concept de l'énergie ou de l'Entité créatrice et gestionnaire de l'Univers - ne communique avec les hommes qu'au travers de sa Création, jamais directement cela va de soi. L'astrologie essaie de mieux comprendre l'être humain en comprenant mieux cette Création qui lui a donné naissance. Quant à la démarche de l'Église : Dieu lui parle, et cela la dispense du reste.

A l'opposé de ce "confort" intellectuel, nous devons rappeler que la vocation de l'astrologie, contrairement au sensationnel qui est toujours retenu en priorité par l'histoire et par les médias, n'est pas de prédire les événements qui doivent arriver mais de déterminer et de décrypter au moyen du ciel de naissance le bilan psychologique de ce qui vient de naître, et, à partir de là, conseiller les comportements et les choix que ce bilan permet et requiert. Que l'astrologue puisse dans certains cas annoncer avec précision tel ou tel événement à venir, cela est toujours possible tout comme le font d'autres professionnels expérimentés à la lecture de certains éléments significatifs d'un bilan financier ou de santé, par exemple.

Mais un bilan, en astrologie, comme en tout autre domaine, n'a pas pour but premier de prédire un événement qui peut arriver, mais bien de dire ce qu'il faut faire pour que les événements désagréables éventuels ne se produisent pas, et ce qu'il faut mettre en oeuvre pour faire fructifier les éléments positifs décelés dans le bilan. Les contraintes et les facilités inscrites riants un thème astrologique ont pour finalité de conduire les individus - et les institutions - à un plus pond développement de leur conscience, à une plus grande ouverture aux lois universelles de la vie, et cela au moyen des expériences révélant à chacun la qualité de sa capacité à faire les choix qui lui conviennent. L'événement n'est que le miroir de ce choix, et il peut se produire au niveau événementiel, psychologique ou biologique. Une intuition puissante et précise est un événement pour l'individu, un événement réel mais caché. L'important est la prise de conscience que l'événement permet. L'Eglise peut-elle dire qu'elle condamne les progrès de la conscience, l'ouverture aux lois universelles de la vie, le mieux-vivre des personnes ? Peut-elle affirmer en le justifiant que l'astrologie n'aide pas à la réalisation de tels progrès ? Peut-elle nous reprocher de fonder nos travaux sur le lien étroit qui unit l'être humain avec le ciel, ce ciel qui est également en chaque personne ?

 

Ferdinand DAVID pour la FDAF (Fédération Des Astrologues Francophones) 15 janvier 2002

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