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Astrologie et psychologie |
Le cycle Uranus/Neptune et l'évolution de la valeur travail par Gilles VERRIER
Gilles VERRIER (Capricorne Ascendant Verseau) a une formation d'économiste. Il a d’abord été professeur dans une école de gestion. Il découvre l'astrologie en 1976 et décide d'en faire son activité depuis 1984. Il est collaborateur d'Alexander Ruperti de 1984 à 1995. Il poursuit sa recherche dans le sens d'une articulation entre la démarche de l'astrologie humaniste et la psychologie jungienne.
Dans cette étude des cycles et plus particulièrement le cycle Uranus-Neptune et les cycles Jupiter-Uranus et Jupiter-Neptune, j'essaierai de montrer comment le rapport de l'homme au collectif et plus particulièrement sous l'angle du travail est en train d'évoluer, surtout depuis la dernière conjonction Uranus-Neptune de 1993. 1ère partie : rappel du cycle Uranus- Neptune précédent de la conjonction à l'opposition. 2ème partie : rappel du cycle Uranus-Neptune précédent de l'opposition à la conjonction. 3ème partie : perspectives sur le cycle Uranus-Neptune actuel. Introduction En astrologie, lorsqu'on s'intéresse aux cycles, il y a en 45 à étudier. N'ayant pas tous et loin de là un fort intérêt du point de vue historique, il est cependant fort intéressant d'en étudier certains pour comprendre les dynamiques d'évolution ou de régression qui sous-tendent les activités humaines à la surface de notre planète. Toutes les planètes à partir de Jupiter présentent un intérêt dans le sens de la notion de cycle pour comprendre l'histoire non pas comme, on a souvent trop tendance à le faire, une évolution linéaire mais beaucoup plus dans une dynamique propre au XXe siècle à savoir en intégrant la pensée d'Einstein : le temps et l'espace sont courbes. Cette étude s'est surtout focalisée sur le cycle Uranus-Neptune en relation avec Jupiter et Saturne. Cette approche de Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune, tous les quatre en relation ne peut être qu'incomplète car d'autres cycles ont été ignorés pour la simplicité de l'exposé. Le lien de Jupiter et Saturne avec Uranus et Neptune peut être instructif pour comprendre l'évolution de notre société et la façon dont évolue la valeur que nous attribuons au travail et la manière dont il s'organise. Au regard de récentes conjonctions et autres aspects, j'essayerai de dégager le sens de l'évolution de la notion même du travail pour les années à venir. Pour comprendre les conjonctions des dernières années entre Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune, il est instructif de les resituer dans un cycle beaucoup plus vaste qui permet de faire une étude historique à savoir le cycle Uranus-Neptune puisque il est à son commencement.
La dernière conjonction ayant eu lieu le 24 octobre 1993 dans le 19° Capricorne. La conjonction précédente se fit le 3 décembre 1821 dans le 2° Capricorne et selon A. Barbault (dans Les Astres et l'Histoire), ce cycle est à mettre en relation avec la croissance du capitalisme et avec l'interaction entre le capital (Uranus) et le travail (Neptune) entre les forces d'autorité et de conservatisme et celles du libéralisme ; entre capitalisme (Uranus) et communisme (Neptune) mais il faut également le relier au processus d'industrialisation qui avait pris son élan dans le monde occidental Dane Rudhyar, dans son étude des cycles, nomme Uranus et Neptune les planètes de la culture car en fonctionnant ensemble, elles révèlent une intégration toujours plus riche de potentialités inconscientes archétypales dans notre culture établie. En ce sens, elles peuvent éclairer le chemin de l'humanité pour lutter pour la réalisation de ses idéaux spirituels. La rencontre et l'interaction de ces deux courants produisent des situations conflictuelles car Neptune représente également la réceptivité humaine à son essence divine et donc relie l'homme à son rêve du divin, à son mythe de l'unité. Uranus, première manifestation du pouvoir mâle, cherche à séparer, différencier créer tout en étant insatisfait du résultat produit, c'est le séparatif nostalgique de l'unité mais ne pouvant y retourner, c'est aussi le briseur d'unité, le briseur de règles mais également le révélateur d'espaces et de conquêtes. Donc Uranus agite les rêves de Neptune les révolutionne, les transforme ou les brise. Les contacts d'Uranus et de Neptune et particulièrement les aspects de conjonctions, carrés ou oppositions tendent à exagérer les tendances de ces deux forces transformatrices et donc entraîner des situations conflictuelles sur le plan mondial. En ce sens, et nous verrons cela plus loin, Jupiter, lorsqu'il rejoint ces deux planètes après leur conjonction tend à donner une vibration sociale économique ou politique à cette rencontre frictionnelle et créative à la fois de l'unité et la séparativité. Dans ces situations conflictuelles, les protagonistes ont tendance à se voir sous un jour divin ou merveilleux et voir leurs opposants comme des suppôts de Satan menaçant la Divine Vérité. Les inspirés de cette nouvelle vision sont prêts bien souvent à sacrifier leurs vies pour la cause révolutionnaire mais également la vie des autres et cela peut avoir des conséquences dramatiques sur les affaires culturelles sociales économiques ou politiques.
Actuellement, la nouvelle vision liée à la conjonction d'Uranus et Neptune en 1993 est encore trop proche pour que quelque chose se dessine, tant que ces deux planètes se trouveront dans le même signe, il sera difficile de voir ce qui est en train de se dessiner. Mais un parallèle est à faire avec le cycle précédent, qui se fit comme je l'ai déjà mentionné en 1821 dans le 2° Capricorne, car à partir de cette date, nous avons un cycle de 171 ans et tout un processus à l'œuvre. Le carré croissant eut lieu entre 1869 et 1871, l'opposition entre 1906 et 1910 et le carré décroissant en 1955-1956.
1e partie: Les grandes lignes du dernier cycle Uranus Neptune En 1821, c'est la mort de Napoléon et de tout un système politique. La première décennie du XIXe a vu l'impact du machinisme et l'apparition d'une classe ouvrière se détachant de la bourgeoisie montante et des classes moyennes. Les empires espagnols et portugais s'effondrent, le Brésil, le Mexique et les autres colonies espagnoles ou portugaises se révoltent et se libèrent. Dans les années 1821-1825 paraissent à Paris les œuvres de Saint-Simon, dont on peut dire aujourd'hui qu'il est à l'origine du socialisme. Ses idées publiées dans le Système industriel (1821) et Le Nouveau Christianisme (1825) publié après sa mort mettent l'accent sur le fait que la propriété industrielle doit être établie pour l'intérêt de la société entière et non pour celui d'une classe de privilégiés. Dans le Nouveau Christianisme écrit en 1821 et publié après sa mort en 1825, il encourage les puissants à davantage tenir compte des besoins des pauvres et surtout de leur bonheur social, selon lui ce bonheur ne peut se réaliser que dans le cadre de la société capitaliste.
Semeur d'idées, Saint-Simon et ses successeurs les saint-simoniens (Bazard, Enfantin pour ne citer que les principaux) sont à la source des principaux courants de pensée et d'action qui traversèrent le XIX° siècle et une grande partie du XXe. Le mysticisme qui anime certaines entreprises de réorganisation sociale est à mettre en relation avec les thèses de Saint-Simon et de ses disciples. Sa critique du système capitaliste se rapproche d'une dimension religieuse, car selon lui la nouvelle religion doit réhabiliter la chair, la matière, en somme le travail et le bien être. "Les mains de Dieu sont les mains du travailleur" pour les saint-simoniens ; l'anarchie de la production mène à des crises fréquentes, la propriété doit être supprimée et le prolétaire doit posséder les moyens matériels de manifester sa capacité et doit être payé selon ses œuvres. Sans le souhaiter certainement consciemment, les saint-simoniens ont ouvert la voie au marxisme en dévoilant la misère des ouvriers et en amorçant une critique sévère des catégories économiques. Après son décès, ses disciples transforment vite ce mouvement en église, les thèses se répandent, surtout à partir de la révolution de 1830 et de nombreux polytechniciens se joignent au mouvement.
Justement en décembre 1830 et en mars 1831, Jupiter se trouve en conjonction respectivement à Neptune (22° Capricorne) et à Uranus (14° Verseau). Une série de conférences et de lectures publiques familiarisent l'intelligentsia française avec les idées de Saint-Simon. Le terme Socialisme apparaît à Paris en 1832. En 1830-1831, nous assistons également à des mouvements sociaux et révolutionnaires un peu partout en Europe. En France, la révolution de juillet 1830 et les trois Glorieuses, en Allemagne il y a des mouvements révolutionnaires dans certains petits Etats, révolution en Belgique pour la séparation avec la Hollande, révolution également dans le royaume de Pologne, conquête de l'Algérie par les français. Des mouvements révolutionnaires se manifestent également dans le nord des Etats Pontificaux (Romagne et Marches), dans le duché de Modène et sont sévèrement réprimés par l'Autriche. La révolution polonaise est écrasée- par le tsar Nicolas I" et le royaume de Pologne devient une dépendance de l'Empire Russe.
Ainsi le cycle Jupiter-Uranus qui débute pour la première fois après la conjonction de 1821 entre Uranus et Neptune donne en 1831 et en Verseau une réalité sociale aux balbutiements et aux idées que le long cycle Uranus-Neptune tend à manifester.
L'astrologue britannique Charles Harvey associe ce cycle de 14 ans "a la croissance et à l'éveil de la conscience humaine, à une extension résolue et transcendante des horizons. Il combine selon lui l'aspiration et l'effort en tant que tel et se rapporte aux possibilités de progrès et à la promotion de l'évolution humaine. Il favorise un essor vers l'esprit prométhéen, de rébellion et de volonté libre, un esprit d'optimisme et d'entreprise individuelle et collective"..."Il apparaît être un des cycles clefs de l'économie de marché". André Barbault le considère comme un cycle fondamental dans le capitalisme, il y voit également un important facteur de rébellion contre le statu-quo quoiqu'il soit à un moment donné. Au sujet de la conjonction qui je le rappelle se produit tous les 14 ans, il la considère comme "donner de l'élan au pouvoir, à l'ambition, à l'audace, au risque, aux comportements extrémistes. Positivement, c'est un puissant agent de changement et de progrès. Dans une société en crise, il peut engendrer une situation hautement explosive pouvant éclater sans avertissement et dans une atmosphère de tension aiguë. En ce cas, il existe potentiel particulièrement dangereux de climat guerrier." Les cycles Jupiter-Uranus sont liés à introduction de nouvelles façons d’envisager les rapports sociaux, nouvelles façons qui peuvent justement mettre en question le statu quo mme le souligne Barbault. Avec Uranus, il y a une cassure, une rupture dans le rythme. De nouvelles tendances sociales se manifestent, des idées qui pouvaient paraître farfelues quelques temps auparavant font leur chemin et j'aurai l'occasion de l'évoquer tout à l'heure à propos des conjonctions de 1997 Jupiter-Neptune t Jupiter-Uranus. Le cycle Jupiter-Neptune débute en décembre 1830 quelques années après la conjonction Uranus-Neptune de 1821 et quelques mois avant la conjonction de mars 1831 Jupiter-Uranus. Ce cycle est fortement idéaliste selon Charles Harvey, il est à mettre en relation avec les systèmes de croyances idéalistes et religieux, de sorte que ses aspects de tension sont souvent en rapport avec des disputes sectaires, des différends politiques et des guerres de religion. C'est également un cycle qui peut produire une période de "boom" et d'optimisme mais aussi de miroirs aux alouettes, tirer des plans sur la comète et entraîner une inflation rampante s'il n'est pas bien intégré.
André Barbault le relie aux économies socialistes et également au destin de la France depuis plusieurs cycles. Les récentes conjonctions se sont faites en 1945, en 1958, en 1971, et 1984. Ce cycle est particulièrement intéressant pour la IVe République mais moins évident pour la Ve, même si elle est née à une conjonction, quoique la dissolution de 1997 est à mettre en relation avec ce cycle mais aussi Jupiter-Uranus qui se fit la même année... Ce cycle est en ce qui me concerne lié à des tentatives d'introduire dans le champ social représenté par Jupiter, des principes de meilleures harmonies et meilleures ententes intérieures ou extérieures. Contrairement au cycle Jupiter-Uranus ce cycle n'a jamais été relié aux 2 guerres mondiales.
Nous avons, par contre, des conjonctions Jupiter-Uranus en 1914 et en 1941. Quoique utopique, le sens de ce cycle est de développer une meilleure solidarité, un sentiment d'unité et de paix, et d'introduire dans le monde manifesté un sentiment religieux plus inclusif. En reprenant le cycle de 171 ans entre Uranus et Neptune, il est à remarquer que lors du sextile autour de 1856, nous avons de nouveau des conjonctions entre Jupiter et Uranus et entre Jupiter et Neptune. Au delà des faits historiques, nous avons la naissance d'un mouvement religieux, né de l'Islam, le mouvement Bahaï dont le but était de rassembler toutes les religions en une seule, de fonder un tribunal international, une langue internationale et éventuellement un gouvernement mondial. Le carré croissant d'Uranus à Neptune se fait en 1870-1871 juste entre 2 conjonctions, Jupiter-Neptune en 1869 et Jupiter-Uranus en 1872. Cette période représente une crise d'action et un défi à incarner ce qui est né à la conjonction de 1821. A cette époque, les idées socialistes nées autour de 1821 sont testées et doivent se clarifier pour être mises en pratique dans la société. Karl Marx fonde la première Association Internationale des Travailleurs à Londres en 1864 et publie en 1867 le premier tome du Capital. Au moment du carré exact en 1871, c'est la Commune de Paris. Nous assistons à la première tentative échouée de mettre en pratique le socialisme. Les idées socialistes ont pris corps et vont se développer partout en Europe à partir de cette période. En 1872, à la conjonction Jupiter-Uranus, les empires passent un pacte pour le maintien du statu quo dans leurs différents empires (Allemagne Autriche et Russie) pour se défendre d'éventuelles révolutions sociales comme se fut le cas en France en 1871. C'est la réaction Jupiter-Uranus qui suit les ouvertures de 1869 liées à la conjonction Jupiter-Neptune qui avait vu le libéralisme en France et le socialisme en Allemagne se renforcer. Le trigone Uranus-Neptune se forme en 1881-1882. Les syndicats se renforcent partout en Europe et naissent en 1884 en France. La législation sociale fait également du chemin et les idées de Marx se répandent en Russie particulièrement.
Cette idée de lier l'aventure du socialisme au cycle Uranus-Neptune est renforcée par le fait que son principal porte-parole Karl Marx était Ascendant Verseau et avait une conjonction applicante entre Uranus et Neptune en 10ème Maison fin Sagittaire. Sa destinée sociale était liée au cycle Uranus-Neptune et il meurt en 1883 au moment du trigone Uranus-Neptune. Il était né en 1818 peu de temps avant la conjonction au moment où Saint-Simon élaborait des idées qu'il reprendra plus tard. Saint-Simon chercha à se situer dans une perspective de néo-christianisme, en voulant donner au christianisme une dimension sociale alors que Marx, que Rudhyar qualifierait "d'homme semence "puisqu'il était né en phase balsamique du cycle de lunaison (c'est à dire juste avant une nouvelle lune), a évacué toute connotation religieuse de ses idées puisqu'il se situait dans une optique matérialiste et définissait la religion comme "l'opium du peuple". On a vu depuis, comment les idées marxistes ont été également un opium et bien pire encore dans leur mise en œuvre.
2e partie: Le cycle Uranus Neptune de l'opposition du début du siècle dernier à la conjonction de 1993
L’opposition Uranus-Neptune se forme entre 1905 et 1910. Elle est exacte en 1906. Entre 1904 et 1906, il y a une crise révolutionnaire en Russie autour de la question paysanne, la poussée prolétarienne entraîne la constitution de soviets et les bolcheviks se séparent des mendcheviks qui pensent encore à une transformation de la société par la légalité parlementaire. La Douma voit ses pouvoirs renforcés en 1907 (conjonction Jupiter-Neptune) mais ils restent cependant consultatifs. La classe ouvrière obtient en Europe des résultats tangibles. -En France, repos hebdomadaire en 1906 et retraites ouvrières en 1910. -En Grande Bretagne, il y a également toute une série de mesures sociales entre 1906 et 1911. La guerre se déclenche pendant cette phase d'opposition dépassée, la même année que la conjonction Jupiter-Uranus dans le 10° Verseau. La conjonction Jupiter-Neptune se fait entre septembre 1919 et avril 1920, les traités de paix sont signés en 1919 et la Société des Nations voit le jour la même année. En France, nouvelle avancée sociale avec la journée de 8 heures. Le trigone décroissant Uranus-Neptune est exact en 1941-1942 mais commence à se former dès 1939. Auparavant, il y a eu de nouveau des conjonctions Jupiter-Uranus et Jupiter-Neptune respectivement en 1928 et 1932. La conjonction Jupiter-Uranus de 1928 en Bélier voit le commencement de nombreuses dictatures en URSS, en Pologne, en Albanie et au Portugal. La conjonction Jupiter-Neptune de 1932 met en relief les injustices de la répartition des richesses après la crise de 1929 et Roosevelt élu en 1933, même année qu'Hitler arrive au pouvoir, relance une économie de répartition avec la politique du « New Deal » et des « Grands Travaux ». L'opposition Jupiter-Neptune de 1939, c’est la fin des illusions pacifistes avec la 2° Guerre Mondiale. Saturne rejoint Uranus et Jupiter en 1941 et c’est l’embrasement collectif avec l'entrée en guerre des États-Unis après l'attaque de Pearl Harbour. Cette guerre fut une guerre de luttes de classes internationales entre les politiques fascistes des peuples riches et la réponse socialiste aux peuples exploités. Le trigone Uranus (démocratie) Neptune (socialisme) vit le triomphe des pays démocrates et socialistes. Le socialisme particulièrement en tira un grand bénéfice et se répandit à partir de cette période dans le monde. L’ONU naissait en 1945 à la conjonction Jupiter-Neptune en Balance. Le carré décroissant de tout cycle est toujours un moment critique et ce, pour deux raisons : 1°) Les résistances de facteurs qui dans l'environnement cherchent à contrecarrer l'accomplissement de ce qui était potentiel à la conjonction arrivent à leurs tensions maximales. 2°) D'autre part le carré décroissant met l'accent sur la fin d'une période de développement et croissance. Cette phase insiste sur les contradictions internes et les instabilités liées à un recentrage pour préparer la conjonction future. Pour reprendre l'expression de Dane Rudhyar « la feuille tombe de l'arbre ». Cette phase intervint dans les années cinquante pour le cycle qui nous intéresse entre 1955 et 1957 plus précisément et met bien en évidence les deux raisons de ce moment critique. Les victoires socialistes de la fin de la guerre ont engagé le capitalisme occidental dans une croisade religieuse contre les valeurs socialistes sous le nom de Mac Carthysme. Le capitalisme anglo-américain se réfugia dans la guerre froide pour se protéger et faire front contre les valeurs sociales ou libérales qui étaient très vite taxées de communistes, synonyme de sataniques. Le monde communiste devint la bête noire du capitalisme anglo-saxon ; ce qui entraîna un certain appauvrissement culturel car beaucoup d' intellectuels étaient sensibles aux idées socialistes. La deuxième raison, qui met l'accent sur la phase critique du carré décroissant de ce cycle Uranus-Neptune, est que les contradictions internes du système socialiste se firent jour à partir de 1956. Le socialisme montré comme une sorte d'Eden jusqu'alors se révélait être un système fortement totalitaire et les crimes de Staline mort en 1953 (conjonction Satume-Neptune) étaient révélés au grand jour et les états socialistes en édifiant des « goulags » mettaient à mal les principes fondamentaux des pères du socialisme, à savoir la démocratie, la justice économique et la liberté. Depuis lors, les contradictions de la philosophie marxiste étaient évidentes pour la mener au point de rupture théorique. La combinaison de ces deux raisons a accéléré la désagrégation du système. Dès lors, les idées communistes ont connu une diminution constante dans leur capacité d'inspirer les foules en quête d'un monde meilleur si ce n'est de façon transitoire pour se libérer d'un joug colonial. Ce carré décroissant Uranus-Neptune est encadré par des conjonctions : -Jupiter-Uranus d'une part en 1955 qui correspond au début de la vague de décolonisation et la confusion qui en résultera entre liberté et communisme, il est vrai que les pays en lutte pour leur indépendance ont été souvent soutenus par le bloc communiste. -Jupiter-Neptune d'autre part en 1958 qui a vu une grave crise en France avec la menace de guerre civile, l’arrivée de de Gaulle au pouvoir calme un jeu dangereux. Fidel Castro s'installe à Cuba et entraînera une grande période de tensions internationales. Le sextile décroissant du cycle Uranus-Neptune entre les années 1966 et 1968 correspond au relâchement des tensions est-ouest et à une coopération grandissante entre les deux blocs. A cette époque, Pluton était également conjoint à Uranus. Après les critiques liées au carré décroissant, il y eut une résurgence de l'intérêt pour le marxisme et apparut ce qu'on appela la « nouvelle gauche » et le marxisme devint la dimension politique de la contre culture hippie « Vivre en système communautaire et à chacun selon ses besoins ». Cette tentative essaya de prendre corps politiquement avec ce qu'on a appelé le Printemps de Prague qui se termina tragiquement en août 1968 par l'invasion des chars soviétiques. Le relâchement de la tension se remarqua par l’absence de réactions de l’occident à cet envahissement de la Tchécoslovaquie. La conjonction Jupiter-Uranus de 1969 entérine ce qui s'était passé l’année précédente, la ligne dure l’emporte dans le bloc de l’Est et Dubcek symbole du renouveau socialiste est évincé. Le général de Gaulle attaché à la décentralisation, à l'intéressement ouvrier aux fruits de la croissance est battu au référendum et se retire de la vie publique. Aux États-Unis les manifestations contre la guerre au Vietnam sont de plus en plus nombreuses et violentes. A la conjonction Jupiter-Neptune de 1971 les processus d'entente, d'accord et de rêves sont relancés, les quatre puissances s'entendent sur le statut de Berlin. La Chine entre à l’ONU et la Grande Bretagne adhère à la CEE. En France, le Parti Socialiste est fondé et François Mitterrand est élu comme Premier Secrétaire. Il est intéressant de remarquer qu'en 1993, au moment de la conjonction Uranus-Neptune, il doit pour la deuxième fois composer avec la droite mais le programme qui l'avait fait élire est définitivement abandonné même si déjà dans les faits, il y avait renoncé depuis longtemps. Au demi-carré décroissant Uranus-Neptune en 1973, nous entrons dans la phase terminale de ce cycle appelée également phase balsamique, période de dissolution et période pendant laquelle l'impulsion de vie n’est plus visible à la conscience éveillée mais agit souterrainement en détruisant les formes actuelles pour leur permettre de se régénérer et renaître autrement à partir de la conjonction suivante, soit en 1993. Cette période qui s'étend de 1973 à 1993 a vu une succession de défaites pour le socialisme dans sa forme établie et peu à peu cette idée restée trop cristallisée à d'anciennes façons de concevoir la politique a eu de moins en moins d'échos auprès des masses qui auparavant étaient prêtes à se battre pour la défendre. Le président du Chili Salvador Allende est renversé en 1973 par le putsch des généraux, une dictature s'installe. Les opposants soviétiques ou les refuzniks commencent à se faire connaître et dénoncent les absurdités et les atrocités du système. En France, l'Union de la Gauche qui eut tant de mal à se constituer est vite mise à l'épreuve du pouvoir et le socialisme à la française est un échec cinglant dès 1983-1984 avec le remplacement de Pierre Mauroy par Laurent Fabius à la tête du gouvernement, c’est le retour à la rigueur et au principe de gestion. La conjonction Jupiter-Uranus de 1983 se forme en Sagittaire. Le bloc de l'Est commence véritablement à s'effriter. Fin 1982, la mort de Brejnev sonne le glas du communisme orthodoxe après la parenthèse Andropov. Mikaël Gorbatchev arrive au pouvoir en 1985 après la conjonction Jupiter-Neptune. Le père de la « perestroïka » se heurte au lourd passé et héritage communiste dans cette fin de cycle Uranus-Neptune. La conjonction Saturne-Neptune de 1989 annonce la fin du régime communiste, la chute du mur de Berlin cette même année est un symbole des plus remarquables, Gorbatchev démissionne en 1991. Dès 1989-1990, un vent de réformes considérables souffle sur les pays de l'Est. L'opposition de Jupiter à Uranus-Neptune qui se forme en 1990 met l'accent sur le libéralisme (Uranus) et interrompt le rêve de Gorbatchev (Neptune en Vierge opposé au Soleil en Poissons) de vouloir rénover le socialisme et d'envisager un passage au libéralisme tout en conservant une politique socialiste.
Il est à remarquer que dans les fins de cycle c'est toujours la planète la plus rapide en l'occurrence Uranus qui prend le pas sur la plus lente et son rôle s'accentue dans les 30 derniers degrés du cycle (à partir de 1979). L’histoire s'est accélérée depuis la phase balsamique du cycle Uranus-Neptune. L'année 1989 fut une année particulièrement chargée en évènements, outre cette phase balsamique Saturne était conjoint à Neptune donc de vieilles formes obsolètes représentant le passé ont été détruites mais des espoirs ont été également bloqués. -Défaite de Pinochet au Chili (arrivé au pouvoir lors de l’opposition Saturne-Neptune) -L'appel au meurtre envers Salman Rushdie lancé par l’Iran. -L'assassinat des leaders indépendantistes canaques. -La répression chinoise après le printemps de Pékin. -La mort de l'imam Khomeiny en Iran. -La chute du mur de Berlin. -La chute de Ceaucescu en Roumanie. Depuis 1993, les luttes idéologiques capitalisme- socialisme, Est-Ouest ont disparu. Le libéralisme domine la planète, la mondialisation serait-elle l’idéologie de ce nouveau cycle Uranus-Neptune?
Il est encore trop tôt pour le dire mais il est curieux de noter des parallèles significatifs entre les conjonctions récentes de 1997 entre Jupiter-Uranus et Jupiter-Neptune et celles qui se sont faites 9 ans après la conjonction Uranus-Neptune de 1821. La conjonction Uranus-Neptune se fait deux fois en Capricorne, la conjonction Jupiter-Uranus se fait deux fois en Verseau. En 1821, la conjonction Uranus-Neptune se fit proche d'un carré décroissant à Pluton qui eut lieu dans les années 1817-1820. L'homme essayait de sortir de la domination que la « terre mère » (Pluton) exerçait sur lui, ce fut l'ère de l’industrialisation mais la tension indiquée par le carré mit l'accent sur une industrialisation sauvage dont nous avons encore les effets maintenant. Les idées qui se propagèrent à partir de cette époque se voulurent une réponse humaine et chrétienne d'abord à l’industrialisation pour essayer d'en corriger les effets destructeurs.
3ème partie : Le nouveau cycle Uranus Neptune (depuis la dernière conjonction de 1993) et ses perspectives
La conjonction Uranus-Neptune de 1993 se fit non pas en relation de carré avec Pluton mais en relation de sextile croissant, un nouveau cycle Neptune-Pluton commença en 1891 et un nouveau cycle Uranus-Pluton en 1965. L' enjeu, en étudiant ces trois planètes, est tout différent. Aujourd'hui le défi que nous propose Uranus-Neptune est tout autre, nous ne sommes plus à 1'ère industrielle mais post-industrielle, donc il s' agit d'organiser (sens du sextile) dans de grands courants idéologiques, philosophiques ou religieux, le rapport entre l'homme et la nature, entre l'homme et la matière. L' écologie est la question fondamentale du siècle à venir, mais une écologie dont les fondements philosophiques, spirituels ou religieux doivent être posés maintenant. Si 1'on revient au milieu des années "soixante", Uranus et Neptune étaient en sextile décroissant et Pluton conjoint à Uranus (aujourd'hui Uranus et Neptune sont conjoints et sextile à Pluton), les hippies furent les précurseurs adolescents et rebelles d' un autre mode de vie sur cette planète.
Le constat est aujourd'hui frappant : nos économies occidentales produisent de plus en plus et la pauvreté augmente, s'accompagnant inéluctablement de l'exclusion progressive de millions de personnes livrées au désespoir et à la violence. Le modèle actuel de développement économique ne permet plus d'assurer le plein emploi et la cohésion sociale. Les mutations technologiques permettent chaque jour des gains de productivité conduisant à une croissance peu productrice d'emplois. Au lieu de permettre une diminution générale du temps de travail, l'économie réalisée est quasi exclusivement reversée dans la sphère spéculative.
De nouvelles voies de développement économique et social sont explorées par des sociologues, économistes et philosophes. Ils envisagent le travail comme n'étant pas la seule manière de mettre le monde en valeur. Le travail et surtout le salariat, étymologiquement instrument de torture à trois pieux, sont des valeurs relativement récentes et leur développement est lié à l'industrialisation, et ce qu'ils ont entraîné sont les déterminants de toutes les luttes sociales depuis le début du XIXème siècle.
La philosophe Dominique Meda, qui s'est spécialisée en politique sociale et s'est penchée sur le sens de la valeur du travail dans notre société, considère qu'aujourd'hui le travail est la seule activité humaine qui mette vraiment le monde en valeur qu'il est considéré comme l'essence de l'homme. En cela, remarque-t-elle, nous sommes restés profondément marxistes. Nous sommes dans une société où il est absolument essentiel de disposer d'un emploi pour vivre normalement, mais on ne peut pas conclure que le travail est le seul moyen d'épanouissement individuel et le fondement du lien social. Toujours selon Dominique Meda au moins quatre grands types d'activité sont nécessaires à une « bonne » société et aux individus qui la composent : des activités productives permettant l'inscription dans l'échange économique (c'est le travail) ; des activités politiques permettant à chacun de participer à la détermination des conditions de vie en commun ; des activités amicales, familiales, amoureuses, avec les proches ; des activités culturelles au sens de l'approfondissement de soi. Des économistes et sociologues comme André Gorz, Jacques Duboin, Jean Marc Ferry et Philippe Van Parijs réfléchissent à cette question depuis un certain nombre d'années et proposent de définir une allocation universelle ou un revenu d'existence. Dans son acceptation la plus large, cette allocation consiste en un versement social distribué de façon égalitaire et inconditionnelle à tous les citoyens. Selon leurs auteurs, elle peut cependant comporter certaines restrictions.
Le travail est à ce jour la seule méthode d'acquisition d'un revenu, d'une couverture sociale et d'une retraite. Malheureusement, l'accès à l'emploi étant raréfié, il devient nécessaire de déconnecter une partie du revenu de l'activité salariée. Dans cette optique, le versement d'une allocation universelle répond à cette attente. Pour certains analystes, cette allocation peut également constituer un outil de lutte contre le chômage, en évitant les freins classiques du retour à l'emploi (allocations chômage non cumulables et conditionnelles). De plus, il apparaît que nos sociétés, confrontées à une nouvelle donne mondiale, doivent passer par une période de mutation profonde et douloureuse. L'allocation universelle rendrait cette transition économique moins difficile sur le plan social. Toutefois, l'allocation universelle fait également l'objet de critiques. La plus importante tient dans la crainte de voir, une fois cette allocation versée, le pouvoir politique se désintéresser du problème du chômage et l'accepter comme une fatalité. Tout aussi important, le salariat fonde, par les prélèvements sociaux, notre système de solidarité (retraite, santé, chômage). Il est donc nécessaire d'accompagner l'application de cette allocation par une refonte du système fiscal actuel.
D'ailleurs cette idée fit son chemin aux Etats Unis où un projet de loi de 1996 proposée par Bill Clinton envisageait d'adjoindre au Welifare, un Workfare c'est à dire un revenu social en échange d'un travail pour la collectivité. Depuis quelques années cette idée est également reprise en Allemagne et aux Pays Bas. Elle est économiquement possible, si elle est appliquée dans tous les pays industrialisés. Certaines esquisses sont d'ailleurs déjà en application en Alaska depuis une quinzaine d'années environ.
Les idées d'André Gorz furent déjà développées dans d'autres ouvrages mais sont magistralement résumées dans « Misères du présent, richesse du possible » publié en 1997 année des conjonctions Jupiter-Neptune et Jupiter Uranus . Ces misères du présent, qu'incarnent les dizaines de milliers de jeunes, généralement très diplômés, « dont les rectorats reçoivent la candidature aux nouveaux emplois de l'éducation nationale, » sont la conséquence de ce que Gorz appelle l'« Exode » du capital amorcé dans les années 70. André Gorz souligne de façon très pertinente et documentée que : « Jamais la fonction irremplaçable, indispensable du travail en tant que source de lien social, de cohésion sociale, d'intégration, de socialisation, d'identité personnelle, de sens, n'aura été invoquée aussi obsessionellement que depuis qu'il ne peut remplir aucune de ces fonctions ». Nous sommes aujourd'hui dans une situation où un niveau de vie satisfaisant pourrait être offert à tous moyennant une faible quantité de travail, mais où le culte du travail doublé de l'invention du chômage poussent à produire sans cesse plus (sans pour autant systématiquement parvenir à employer plus de personnes), à consommer plus (sans pour autant améliorer sa qualité de vie), à accroître les inégalités, à placer certaines personnes dans la difficulté par absence de travail et d'autres par excès de travail. On est donc en droit de s'interroger sur la redistribution du travail, bien sûr, mais c'est surtout sa finalité qu'il faut questionner, sa place dans notre existence.
Pour faire face à ce constat économique où le travail se trouve de plus en plus dévalorisé, André Gorz préconise donc une allocation universelle, un revenu social permettant, à la limite, de « vivre sans travailler », mais, plus positivement, « de travailler de façon intermittente et de mener une vie multiactive dans laquelle travail professionnel et activités non rémunérées se relaient et se complètent ». La proposition pourra choquer mais l'auteur montre cependant qu'elle peut revêtir de nombreuses modalités permettant déjà de la mettre partiellement en oeuvre. Mettre en oeuvre cette démarche le plus rapidement possible permettra d'aller vers « l'épanouissement des sens, vers le pouvoir sur soi et les choses, le lien aux autres », car nous sommes en train de sombrer dans des « non-sociétés dont la mince couche dominante accapare la quasi- totalité des surcroîts de richesse devenus disponibles, cependant que l'absence de projet et de repères politiques aboutit à la dissolution de tous les liens, à la haine de tout, y compris de la vie, y compris de soi ».
Le système préconisé par André Gorz n'est nullement utopique et reprend une proposition du prix Nobel d'économie James Meade et va dans le sens de ce que propose le tête de file des économistes libéraux, lui aussi prix Nobel, Milton Friedman. Ce dernier avait calculé qu'aux Etats Unis, la mise en place d'une aide plaçant la population entière au dessus du seuil de pauvreté serait grâce à sa grande simplicité moins coûteux que le système d'aide existant. On peut imaginer qu'en France, la situation est encore bien plus favorable. Le point crucial de ce revenu mis à part le fait qu'il offre à tous la garantie d'un revenu convenable ce qui peut sembler être un minimum dans une société aussi riche que la notre est son caractère inconditionnel. Cela signifie que tous le percevrait du plus pauvre au plus riche. André Gorz conclut en écrivant que " pensée jusqu'au bout de ses implications et de ses conséquences, la société de la multiactivité n'est pas un aménagement de la société de travail. C'est une rupture : une société autre ".
Depuis le début de ce grand cycle Uranus Neptune de 1993 en Capricorne, nous avons également eu la conjonction Jupiter - Saturne de 2000 en Taureau au carré d'Uranus en Verseau qui scelle cette notion de rupture de société qu'évoque André Gorz. Le rapport de l'homme à la matière et à l'environnement doit changer radicalement. C'est bien le sens de cette dernière conjonction Jupiter Saturne et nous avons moins de 20 ans maintenant pour assainir notre rapport à la nature (Taureau) et sortir d'une société exclusivement matérialiste sous peine de pollution généralisée et d'asphyxie. L'économie de plein emploi est aujourd'hui un mythe auquel nous devons renoncer. N'oublions pas que les prochaines conjonctions Jupiter Saturne se seront pendant 120 années dans les signes d'air (la richesse de demain?) alors que depuis 1842 elles se sont faites dans les signes de terre.
Le cycle Jupiter Saturne de 1981 a débuté en Balance et s'est terminé en mai 2000, le libre échange s'est développé, les protections douanières ont fortement diminué et la mondialisation est apparue. Les idées d'une société de multiactivité développées par André Gorz ont vu le jour pendant cette période, elles sont annonciatrices des défis à relever aux XXIème et XXIIème siècles. Elles feront nécessairement leur chemin (telles celles de Saint Simon en leur temps), jusqu'à la prochaine conjonction Uranus Neptune de 2165 en Verseau où un autre développement de civilisation verra le jour. Gilles VERRIER
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