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Marie-Elisabeth CAPOROSSI
astrologie et prévisions
par Marie-Elisabeth Caporossi, recruteur et formateur, a collaboré comme analyste financier et gestionnaire d'actifs au pôle international de conseil financier d'une grande banque. Enseignante en astrologie, Secrétaire Générale Adjointe de la FDAF, elle est également co-animatrice d'une société de conseil et d'intermédiation bancaire, intervenante en formation et en recrutement, animatrice de séminaires de développement personnel et coach pour des cadres supérieurs.
L'astrologie a été, est et restera un des moyens que l'Homme a élaborés pour faire face à son angoisse existentielle. Le désir de connaître les menaces de l'avenir, donc la prévision, a été, est et restera une des composantes essentielles de sa pratique. Condamner la prévision serait donc aussi vain que d'interdire à une mère de rêver d'un avenir heureux pour ses enfants, à un sportif de devenir un champion, à un enfant de devenir pompier, médecin ou coureur automobile. Vouloir dissocier astrologie et prévisions, ce serait vouloir dissocier deux parties d'un tout, au détriment de ce tout.
D'autant plus que les astrologues ne sont pas les seuls à se livrer à des exercices spéculatifs, sans déclencher, pour autant, de lever de bouclier. Lorsque les médecins émettent un pronostic sur l'évolution de la pathologie d'un malade, lorsque les économistes établissent des courbes prévisionnelles ou anticipent sur le déroulement d'un cycle, lorsque les gestionnaires financiers conseillent un investissement selon des préconisations boursières, lorsque les météorologues diffusent un avis de tempête, ils font tous acte de prévision. Ils se mettent tous en situation à de se tromper, ce qui se produit, à tout le moins, de temps en temps. Tous les acteurs de ces situations en ont conscience et tous l'acceptent. Et il devrait en être de même pour les astrologues qui doivent, s'ils veulent être crédibles, éviter de délivrer des oracles et rester dans le domaine prospectif en en acceptant les limites.
Ce qui est en jeu, au-delà de la pratique, ce sont les praticiens. Qui étaient les astrologues, autrefois: d'abord prêtres puis grands initiés, ils n'accédaient à la fonction qu'après un parcours initiatique puis universitaire, ils recevaient donc une véritable formation. De nos jours, tout un chacun possédant un ordinateur et un logiciel, ou presque, peut s'autoproclamer astrologue. On comprendra que même si la réalité n'est pas tout à fait, fort heureusement, à ce point, il y ait de quoi se poser des questions. Or, dans le microcosme astrologique, il est fort peu question de déontologie. Nous ne nous protégeons pas des brebis galeuses, nous nous connaissons entre nous et nous nous contentons de cela. Si bien que la porte est grande ouverte à tous les manipulateurs, tous les farfelus, qui ont choisi ce vecteur pour caresser leur petit ego ou arrondir leur compte en banque.
Tant qu'il ne s'agit que de faire le clown dans les réunions mondaines, c'est dommageable pour notre image mais sans conséquence sérieuse, a priori. Mais jusqu'où le jeu de société peut-il aller? Qu'est-ce qui empêchera le clown de visser une plaque sur sa porte demain et de s'embarquer sans plus de bagages, ni de connaissances, pour une carrière d'astrologue?
Je ne connais qu'une pratique, en dehors de l'astrologie, qui soit à la fois porteuse d'autant de pouvoir, aussi difficile à apprendre et à exercer, sans contrôle préventif aucun, c'est celle de parent. Mais un parent, hors la légitimité biologique, a une légitimité légale; on ne peut pas être illégitimement parent, alors qu'on peut se proclamer illégitimement astrologue!!! Et un astrologue, comme je viens de l'expliquer, a le droit de chercher à connaître le futur, il ne faut donc pas exclure la prévision du champ de notre pratique, mais se prémunir autant que possible contre un éventuel manque de conscience des praticiens. Et cela, qu'on le veuille ou non, passe par une formation surveillée et l'adhésion officielle à des règles déontologiques, je ne connais pas d'autre moyen. Où est notre Serment d'Hippocrate? La prévision ne me gêne pas puisque j'en fais, et depuis fort longtemps, pas seulement dans le domaine astrologique mais aussi dans les domaines économique et boursier. Par contre certains propos qui se réclament de la prévision me font dresser les cheveux sur la tête. J'ai entendu dire, ici ou là, qu'un « mauvais » astrologue finira toujours par être démasqué. Certes, mais au prix de quels dégâts et quel est le Conseil de l'Ordre qui veillera, après condamnation d'une pratique répréhensible, à ce qu'il ne recommence pas, plus tard et ailleurs, en toute impunité ou presque? La société civile ne reconnaît pas l'existence de la profession d'astrologue et ne peut donc pas à ce titre nous sanctionner, nous échappons à toute règle. Voilà pourquoi nous faisons peur. Mais nous sommes également mal perçus parce que nous négligeons notre image et que nous sommes trop souvent représentés, dans notre société, par des démarches mercantiles ou des propos d'illuminés.
La FDAF n'a jamais été hostile à la prévision, elle la considère comme partie de l'astrologie et ayant droit de cité au même titre que ses autres parties, ni plus, ni moins.
Marie-Elisabeth Caporossi