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Anne-Marie a rencontré... |
Fanchon PRADALIER-ROY
AMT : Fanchon bonjour, nous allons parler si vous le voulez bien, de votre ouvrage, l’Univers de l’Homme paru aux Ed. du Rocher. FPR : Oui, c’est un ouvrage que j’ai écrit dans l’ordre dès le départ, et j’en suis moi-même étonnée. J’ai commencé par le prologue et puis j’ai écrit l’introduction en un week-end après avoir travaillé pendant trois mois, avant de vraiment rentrer dans le livre. Mais la gestation s’est faite en moi depuis que je suis là. Je porte ce livre en moi depuis longtemps.
AMT : Oui, on sent que c’est un livre riche et comme vous le dites si justement, il propose plusieurs niveaux de lecture. FPR : Oui, j’exprime à travers ce livre tout ce que j’ai pu vivre avec tout mon « ressenti, pensé, réfléchi ». En bon Sagittaire, j’essaie de trouver un sens aux choses. L’astrologie me permet de mettre en relation toutes mes connaissances. Je fais un travail historique à partir de l’astrologie, mais c’est à partir de connaissances vivantes, c’est toute la relation entre l’individu et le monde. Je pense que l’astrologie, c’est l’art majeur du lien entre la connaissance intérieure et la connaissance extérieure.
AMT : J’aimerais que vous développiez ceci: « L’astrologie est une connaissance ésotérique. L’ésotérisme est une expérience individuelle et chemin de vie. Il en est ainsi de l’astrologie et nous en verrons les applications. » Déjà l’ésotérisme, c’est tellement vaste. FPR : Oui, mais le problème que l’on a avec l’astrologie, c’est que l’on ne veut surtout pas dire que l’on fait de l’ésotérisme et on se lance dans l’exotérisme avec les scientifiques, on veut des preuves etc.. J’ai compris que si l’on n’affirme pas l’histoire ésotérique de astrologie, celle-ci perd ses racines et l’arbre ne tient pas.
AMT : Tout à fait… FPR : L’ésotérisme est utilisé là en tant que connaissance intérieure avec l’idée que le monde est connu de toute éternité, et que c’est nous, les hommes, qui n’avons pas le niveau pour le connaître. Rudiger Dalgue dit dans son livre « Le destin, une chance à saisir » que l’ésotérisme est un travail de connaissance sur soi, tout simplement
AMT : Oui, l’astrologie est avant tout un travail de connaissance de soi. Effectivement, le fait de faire des statistiques et de quantifier les choses, cela sert de point de repère. FPR : Absolument, mais cela fait aussi partie de l’astrologie comme l’astronomie. Que des gens fassent des statistiques, c’est très bien, mais ce n’est pas mon truc. Mais je ne suis pas contre, je suis mathématicienne, quand même.
AMT : Vous dites à ce sujet, dans le prologue : « Il est vain de prétendre la refonder (l’astrologie), elle fonde la plupart de nos connaissances et elle est la véritable matrice des sciences humaines et le point de départ de la psychologie ». FPR : Vous voyez quand même quand Freud parle du complexe d’Œdipe, quand Jung parle des archétypes,
AMT : Et la mythologie FPR : Et la mythologie, donc de toute façon ils le sortent de là, je ne dis pas que Freud est astrologue, mais c’est un fond commun de tous les côtés .
AMT : Et p.15, vous confirmez: « Le point de départ de cet ouvrage est de réaffirmer les fondements ésotériques de l’astrologie. » FPR : C’est le point de départ, oui, et si vous voulez, je pense que si on ne dit pas qu’elle a des fondements ésotériques et si on veut cacher çà, cela veut dire qu’il y a des grands esprits qui l’ont exploré avant nous et qu’il avaient une avancée intérieure riche.
AMT : Oui, parce qu’ils étaient beaucoup plus proches du cosmos, ils étaient plus en accord avec la nature et la profondeur des choses, alors que nous nous sommes coupés de tout cela maintenant, donc nous avons beaucoup plus de mal à nous reconnecter. FPR : Oui, mais nous sommes allés plus loin dans l’exotérisme et dans la recherche extérieure.
AMT : Et plus loin, page 16 : « L’univers de l’homme prend alors une tournure à la fois plus ouverte et plus responsable avec ses droits mais aussi ses devoirs, dont peut-être le plus surprenant : le devoir de liberté. » Voulez vous en parler ? FPR : Oui, c’est une idée qui m’est très chère. Si vous voulez, tout le livre montre comment l’homme intègre la loi.
AMT : Avec Saturne… FPR : Oui, nous avons la chance avec l’astrologie de voir comment l’homme intègre la loi avec le principe saturnien. Chaque fois que nous nous posons une question, nous avons ce principe porteur, qui nous apporte une réponse satisfaisante. Nous avons Saturne qui intègre la loi d’un côté et cet inconscient inconnu de tous qu’il faut ramener dans le conscient. On voit que toute l’intégration de la loi se fait à travers les grandes religions. Après être passé par toute la période animiste, on arrive à une forme de monothéisme où se forme un centre, un système unique, le système solaire. Et donc, peu à peu, comment de Moïse à Jésus et de Jésus à la Révolution Française, on a avancé dans l’intégration de la loi. Qu’est ce que ce que cela veut dire, intégrer la loi ? C’est connaître les lois de l’univers et s’y référer.
AMT : Tout à fait. FPR : Et donc au départ, ces lois étaient extérieures. Moïse donnait ses diktats, et il a essayé d’amener le peuple à un principe unique qui pourrait régir la vie des hommes et les amener à une autorité, puis Jésus a bouleversé tous ce principes en disant que l’autorité était intérieure et individuelle. Elle est en vous, vous êtes Dieu etc… Enfin, je vais très vie et je ne veux offenser aucune religion en disant cela. Parce que pour nous astrologues, c’est l’intégration du principe saturnien. Donc le principe Saturne a évolué. Les gens qui vous disent, Saturne c’est l’autorité, ils voient Moïse et ceux qui disent, Saturne c’est l’autonomie, ils voient Jésus. Ensuite, je voudrais arriver à la Révolution Française car je ne perds pas l’idée du devoir de liberté. Car si vous voulez, pour moi la Révolution Française, c’est quelque part une intégration dans la société du message de Jésus, du christianisme.
AMT : Et pour en revenir au devoir de liberté… FPR : En fait, les hommes naissent libres et égaux, mais le problème, il est bien là, c’est le devoir de respecter ensuite cette liberté. Au fond, nous n’avons pas tellement de droits, nous n’avons que des devoirs. Ainsi même depuis la Révolution Française et au fur à mesure que les démocraties se mettent en place dans le monde, la plupart des individus n’ont pas encore intégré la loi. Quelque part, nous sommes encore des adolescents. Et donc, nous sommes encore prêts à couper la tête d’un roi pour prendre le pouvoir à sa place parce qu’on le prend comme un droit alors que c’est un devoir.
AMT : Pour vous être libre, c’est un devoir ? FPR : Oui, être libre, c’est un devoir, c’est à dire qu’on a le devoir de créer notre vie et non de penser qu’elle est déterminée. Je pense que tous ces discours sur les droits, « On a le droit de ceci, le droit de cela », sont vains. Ils nous amènent à des déviance où est toujours campés sur ses droits. Nous n’avons pas que des droits, nous avons des devoirs. Par contre, cela n’est pas vrai pour les enfants. Eux ont des droits mais pas des devoirs.
AMT : Oui, j’ai trouvé ce chapitre très intéressant, il explique la naissance de l’enfant et sa totale dépendance. FPR : Oui, ce texte me paraissait très important pour montrer qu’en arrivant au monde, nous sommes tous totalement dépendants. Vous imaginez, nous sommes tous passés par là. C’est à dire que nous sommes passés par une extrême dépendance avec comme condition d’acquérir une certaine liberté, c’est extraordinaire !
AMT : Et si nous revenons sur terre pour accomplir sept vies, c’est à dire réaliser l’intégrité des sept planètes personnelles, à chaque passage, nous devons tout recommencer à zéro, c’est à dire nous dépouiller totalement pour tout réapprendre et évoluer. FPR : Oui, la vie est une école, c’est un parcours à accomplir. En tant que pédagogue dans l’âme, je pense que sur un plan pédagogique, l’astrologie est un support très intéressant. La pédagogie étant un accompagnement de l’autre, puisque pédagogie, veut dire accompagner. Mais pour en revenir à la liberté, être libre, c’est cesser de demander un papa et une maman, c’est sortir de la dépendance et de l’obéissance. C’est extraordinaire mais c’est le but de chaque instant.
AMT : Mais c’est difficile d’acquérir son autonomie car on se crée toujours des obligations. FPR : C’est un combat perpétuel car nous sommes en but à nos propres besoins, à notre propre dépendance. Souvent j’essaie de me dire, « Ce que je fais là, est-ce que je le fais librement dans le sens de la création, est-ce que je dois le faire, ou est-ce que c’est mon propre choix ? »
AMT : Pour continuer cet entretien sur le devoir de liberté, j’ai beaucoup aimé la manière dont vous avez parlé de Saturne. FPR : Ce que je trouve intéressant dans Saturne, c’est qu’elle est certainement la planète majeure. Ce n’est pas par hasard qu’elle est restée longtemps la dernière connue et qu’elle ait fait le lien entre les visibles et les invisibles. Elle est le gardien du seuil de notre individualité. Malheureusement, Saturne on en fait n’importe quoi, mais Saturne on le crée tous les jours. Comme nous l’avons vu, lorsque nous arrivons sur terre, nous sommes dans une dépendance totale. Là, Saturne est à la fois notre père et notre mère, il est l’autorité que d’autres personnes portent à notre place, puisque nous ne sommes pas capables d’assumer notre propre autorité. Quand nous quittons ce monde, normalement, nous sommes le sage qui quitte ce monde. Et si nous n’avons pas bien intégré notre Saturne, nous n’aurons pas accès à Uranus. Si nous n’avons pas bien intégré nos planètes personnelles, nous vivons les transpersonnelles comme destructrices. Dire que Saturne est une planète négative, c’est avoir au départ un a priori et refuser sa propre liberté de création.
AMT : Parlons maintenant de la croix, structure de l’incarnation et de la prise de conscience. FPR : La Croix correspond à l’ordre de succession entre les éléments : 90° entre un signe de Feu, un signe d’Eau, un signe d’Air et un signe de Terre, c’est immuable. C’est un ordre alchimique, le Feu en 1er, l’Eau en second, les deux conditions de la vie, puis l’Air en 3eme et la Terre en dernier. Ce qui est très curieux, la Terre, c’est Saturne. Si cela se trouve, cette Terre, Gaïa, c’est nous qui la créons. C’est l’idée que nous, les humains nous sommes au centre entre le monde inconscient et le monde de la Terre. En quittant Dieu, c’est la chute et en venant sur Terre, nous passons par le goulot de l’utérus, manifesté par cette croix.
AMT : Parlez nous de la construction du zodiaque par les 3 croix : la cardinale, la fixe et la mutable. Vous dites : « Il faut trois croix pour faire un homme. Les trois croix sont les trois modes de manifestation de la conscience. » FPR : Eh bien, le trois, c’est le chiffre de la trinité, c’est le mode de l’harmonie. Pendant 30 ans, 1er cycle de Saturne, on se conditionne, ensuite, dans la croix fixe, on crée et avec le 3eme cycle de Saturne, on se déconditionne en quelque sorte pour repartir vers l’inconscient. Il ne faut pas dénigrer sur Uranus, Neptune et Pluton, nous ne sommes que des Saturne. On ne manifeste ces autres énergies qu’à travers Saturne, puisque nous n’y avons pas accès. Il faut bien comprendre que pour qu’il y ait du mouvement, il faut qu’il y aie un endroit où on ne bouge pas, c’est la croix fixe.
AMT : Oui, lorsqu’on dirige un bateau, il faut tenir la barre, sinon celui-ci part à la dérive. FPR : Et puis, surtout, pris entre le monde de l’inconscient et de l’action, c’est nous qui créons en permanence, c’est cela la croix fixe, l’axe Taureau-Scorpion, on crée. Alors que l’on se fait la guerre dans l’axe cardinal Bélier-Balance. Après, c’est le passage de l’Œdipe, le passage au 3eme terme, c’est à dire accepter que l’on n’est plus l’autre de l’autre. C’est à dire que nous ne sommes pas le seul autre de notre père ou de notre mère.
AMT : C’est intéressant, pouvez-vous développer votre pensée ? FPR : Il faut accepter que nous ne serons jamais le seul autre d’un autre, alors bien sûr, c’est la quête amoureuse, de l’autre duquel on sera le seul autre. La passion c’est Mars Bélier et Vénus Balance. Avec la Balance, on rencontre la 1ere loi. Vous ne pouvez répondre que de vous-même, mais jamais de l’autre. L’autre est libre, il faut respecter son choix. Ensuite il y a un saut énorme pour la Vénus Taureau et le Mars Scorpion, c’est d’accepter que l’on est qu’un individu parmi d’autres. C’est pour cette raison que je dis que la Cardinale, c’est le complexe de l’ego, mais il faut bien qu’il existe. C’est le 1er Saturne. A nous de le construire. Pour donner une image, nous sommes dans une sorte d’arène de l’incarnation, nous sommes dans un cirque où nous incarnons des personnages. Dès que l’on accepte que l’on n’est plus l’autre de l’autre, on commence à accepter sa propre mort.
AMT : Donc on arrive dans l’arène pour passer au 2eme cycle de Saturne. FPR : Là, c’est le Saturne-Mercure qui agit pour créer une nouvelle conscience et qui accepte de rencontrer Uranus, le génie incarné. Si vous voulez ma théorie, elle est simple, les planètes transpersonnelles sont toutes sur la verticale et la planètes personnelles, toutes sur l’horizontale, le conscient, la manifestation. Jupiter et Saturne font le lien. Jupiter se situe sur une horizontale, mais il essaie de nous faire rejoindre la verticale. Jupiter agit en tant qu’énergie qui voit les choses dans l’inconscient et il vient nous informer dans le conscient, alors que le rôle de Saturne est plus ingrat car il doit prendre forme, se matérialiser. Et dans ce monde de la forme il faut donner une forme aux choses, d’ailleurs, nous ne faisons que cela.
AMT : Que fait un sculpteur ? Il donne une forme. FPR : Nous ne faisons que donner des formes, par nos pensées par nos paroles, et que fait la croix mutable ? Ceux qui disent que nos pensées, nos volontés ont une incidence, parce qu’elles ont une influence. Ce qui est intéressant, c’est que l’astrologie nous permet d’expliquer multiples manières ou supports de pensée. Mécaniques de pensée au niveau de la connaissance. L’astrologie est un mode de pensée qui nous permet de nous ouvrir à la connaissance, mais nous balbutions dans ce domaine.
AMT : Oui, je pense que nous allons découvrir beaucoup de choses. FPR : Oui lorsque nous aurons compris qu’avec Uranus, on met en relation le plus petit avec le plus grand.
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