Exorciste L'astrologie et la "nuit de la
foi" d'un curé de campagne Je
pratiquais l'astrologie depuis une dizaine d'années lorsque, par
l'intermédiaire d'une relation commune, je fis la rencontre d'un curé
de campagne qui s'intéressait à la science des astres. Il me confia
alors que lorsqu'il était au séminaire, dans les années 1930, de
très nombreux candidats à la prêtrise étaient comme lui. Je fis
alors avec lui l'étude de son Thème natal et, croyez-moi, ce n'était
pas un mystique illuminé : plutôt le genre de curé qui
trimballait sa caisse à outils dans sa vieille 2CV pour rendre service
à ses paroissiens là où il savait que les prières étaient
inefficaces. Quelques
années plus tard, il demanda à me revoir. Il traversait une terrible
période de doute, de "nuit de la foi" comme disent les
chrétiens, et voulait savoir si cette difficile épreuve pouvait être
explicable par des échéances astrologiques. C'était effectivement le
cas : il traversait une période où ses modèles, principes et
valeurs directrices (pour lui, la foi en Dieu) étaient profondément
déstabilisées, remises en question. Nous en parlâmes longuement
ensemble. A la suite de cet entretien, il comprit qu'il lui était
nécessaire de transformer son rapport personnel au divin pour ne pas
perdre définitivement la foi, ce qu'il fit avec de grandes
difficultés. Finalement, sa foi en ressortit confirmée et approfondie. Cette
anecdote illustre à merveille les rapports que peuvent entretenir
astrologie et religion. C'est dire ma consternation lorsque j'ai lu les
propos de Jean-Paul II et de ses gorilles théologiens contre
l'astrologie, par ailleurs amalgamée à la voyance et à toutes sortes
de pratiques magiques, alors qu'elle n'a rien à voir avec tout ça.
Comme les scientistes rationalistes, le pape et ses théologiens
ignorent tout de ce qu'ils dénoncent. Affirmer que "Recourir à l'astrologie, c'est
s'inscrire contre la foi", comme le fait le dominicain Jacques
Arnould est une insulte à la mémoire et à la foi de mon ami le bon
curé de campagne, aujourd'hui décédé. L'astrologie n'est pas affaire
de croyance, mais d'expérimentation empirique. On ne croit pas aux
astres comme on croit en Dieu, à moins d'être astrolâtre, et je sais
par expérience que les astrolâtres font de mauvais astrologues. Je trouve
par ailleurs que le pape et ses prélats ne manquent pas de culot.
L'ancien comme le nouveau Testament sont plein de prophètes. Jésus
lui-même était un prophète, c'est-à-dire un prédicateur d'avenir,
et un guérisseur aux incroyables pouvoirs magiques, si incroyables
qu'ils laissent sceptique l'astrologue mécréant et agnostique que je
suis. Je signale par ailleurs que chaque archevêché a son exorciste
officiel dont la mission est de désenvoûter les paroissiens assaillis
par Satan ou d'autres diablotins, ce qui n'est pas pire que de croire au
spiritisme. L'astrologie
n'a pas de leçons de morale ou de réalisme à recevoir de clercs
persuadés de la réalité d'une histoire irrationnelle et
abracadabrante selon laquelle un être mi-homme mi-dieu serait descendu
sur Terre pour être enfanté par une Vierge, sauver l'humanité et
ensuite remonter siéger, son corps glorieusement ressuscité, dans les
nuages à la droite d'un Dieu barbu. On a certes le droit de croire à
cette histoire, comme on a le droit de croire à toutes les histoires
qui nous font peur ou plaisir. Mais nul n'a le droit, en s'appuyant sur
ce conte de fées, de faire le procès de l'astrologie sérieuse, qui
n'a rien à voir avec l'horoscopolâtrie et qui n'est en rien l'ennemie
de la raison ni de la foi, n'en déplaise aux anti-astrologues
scientistes et cléricaux. Richard Pellard, directeur de la rédaction d'AstroLogos ____________________________ Retrouvez Richard PELLARD dans la revue Astrologos et sur le site d'Ariana |