Droit de réponse...

 

à l'AFP et aux auteurs des articles parus dans divers médias

 

 

Madame, monsieur,

Vous avez publié récemment un article remettant en cause les fondements du zodiaque des signes et se référant à l’histoire de l’astronomie-astrologie quand elles n’étaient pas encore bien séparées. A notre sens votre argumentation est maladroite et certaines références complètement erronées. En tant que Fédération Des Astrologues Francophones, nous souhaitons nous exprimer sur le sujet, choqués que nous sommes de voir qu’à aucun moment vous n’avez jugé utile de donner la parole aux astrologues, ceux que vous accusez de la plus grande mauvaise foi. C’est pourquoi nous demandons démocratiquement la publication, au moins, de la première page de ce droit de réponse.

Nous aimerions commencer par nous interroger sur la question du traitement général de l’astrologie dans les médias. Le monde astrologique est toujours étonné de voir comment les médias continuent d’un côté à abrutir les populations avec des horoscopes qui, chaque jour, caricaturent et dénaturent l’astrologie traditionnelle au point de nier ses plus profonds principes de prudence et de libre arbitre. Alors que de l’autre côté les médias font circuler abondamment, non pas des textes critiques sur l’astrologie, mais de véritables pamphlets. Aujourd’hui il est question d’une pseudo découverte vieille de 2.000 ans et débattue abondamment encore depuis ces cinquante dernières années. Mais il y a peu, les déclarations imprudentes de l’horoscopeuse Elizabeth Teissier (à propos de l’Euro 2008 de football, ou de la soi-disant possibilité de diagnostiquer les cancers par l’astrologie, etc) ont aussi fait le tour du net sans que vraiment les astrologues puissent s’exprimer différemment sur la question. Comment se fait-il que les médias tiennent une position si bancale vis-à-vis de l’astrologie ?

Peut-être devons-nous voir là l’expression d’une sorte de droit de résistance des journalistes et rédacteurs en chef qui autorisent la publication de ces articles ? Opposés qu’ils sont à la présence d’un horoscope dans leur revue, sur leur site internet, ou sur leurs ondes, imposée par des décideurs financiers ? Ceci rendrait compte de l’état anarchique des débats sur l’astrologie tels qu’ils apparaissent dans la presse. Mais nous voulons rappeler là qu’ils ne sont pas les seuls à être outrés de cette présence quotidienne, même si notre message n’est jamais relayé dans les médias. Nous regretterons encore et encore de voir que les « horoscopeurs » des médias continuent d’être recrutés comme des amateurs, puisque jamais on ne peut juger de leurs compétences tant astrologiques qu’astronomiques. Nous déplorons donc que les médias alimentent financièrement cette astrologie superstitieuse que les astrologues condamnent depuis longtemps !

Nous nous étonnerons enfin, que l’argument d’autorité soit encore si présent dans les médias à propos de l’astrologie. Nous ne comprenons toujours pas en quoi un astronome serait a priori compétent pour parler d’histoire des sciences en général, ou encore d’astrologie, laquelle est une pratique d’interprétation symbolique répondant à des règles techniques complexes bien avant d’être une théorie scientifique ou une prédiction horoscopique lapidaire. Les astronomes ne sont pas forcément formés, par exemple, à éviter de projeter leurs préoccupations contemporaines dans le passé, ce à quoi au contraire, les historiens sont attentifs. Ni non plus à comprendre les choix techniques des praticiens astrologues. Non, les astronomes ne sont pas des saints délivrant la bonne parole, ils peuvent aussi se tromper dès qu’ils sortent de leur domaine de compétence, la physique, même si certaines critiques restent valables. En tout cas, celles qui font aujourd’hui le tour du net ne sont pas fondées.

Contrairement à ce que le grand-public et les médias en général laissent transparaître, les questions touchant tant aux fondements qu’aux origines de l’astrologie occidentale sont extrêmement complexes et difficiles, au point qu’elles ne font pas consensus aujourd’hui. Si l’astrologie mérite la critique sur bien des points, et nous sommes les premiers à le reconnaître, elle ne mérite tout de même pas qu’on lui adresse de fausses accusations sans lui laisser le droit d’y répondre. Certaines compétences tant en histoire de l’astronomie qu’en maniement des techniques astrologiques sont nécessaires pour ne pas sombrer dans la facilité.

En vous remerciant d’avance pour la publication de la première page au moins de ce droit de réponse, ainsi que d’un lien vers notre site http://www.fdaf.org/ pour le reste de l’argumentaire.

Pour la Fédération Des Astrologues Francophones,

Serge Bret-Morel, Master en histoire et philosophie des sciences


http://www.lastrologie-et-la-raison.net/
 


 

A propos de la question des deux zodiaques, une bonne fois pour toutes :

 

La première erreur à ne pas commettre est de croire qu’une planète, Jupiter par exemple, se trouve SOIT « dans » un signe astrologique SOIT « dans » une constellation, comme tous les astroNOMES dignes de ce nom pourront vous l’expliquer : les deux zodiaques sont avant toute chose des outils de REPERAGE astronomique. Celui des constellations ne tient pas compte de la précession des équinoxes, d’où un décalage des saisons par rapport au calendrier au fil des siècles. Le zodiaque des signes astrologiques est un repère fixé sur la Terre, il est donc AFFRANCHI de la précession des équinoxes. Ce sera toujours le passage apparent du Soleil au point vernal qui marquera le début du printemps sous nos latitudes. Mais ces deux repères astronomiques coexistent parmi d’autres, Jupiter se trouvera en même temps, et aussi, dans telle ou telle maison astrologique sans qu’il y ait la moindre contradiction. N’importe quel étudiant en mathématiques ou en physique pourra l’expliquer, comme l’ont fait les deux astrophysiciens Kunth et Zarka dans un ouvrage récent1.

La deuxième erreur à ne pas commettre est donc de croire que tous les astronomes sont d’accords sur la question de la pertinence de l’argument de la précession des équinoxes. Ce n’est pas le cas, et on devrait plutôt se demander pourquoi on évite toujours de discuter ces divergences d’avis : là nous serions dans l’information !

Autre confusion : croire que l’astrologie occidentale est née en Mésopotamie. Elle y est autant née que l’astrophysique ou les mathématiques, ce n’est pas pour cette raison que les astronomes et les mathématiciens d’aujourd’hui utilisent encore les connaissances (rudimentaires) de l’époque. Il en est de même pour l’astrologie.

Tous les travaux des historiens de l’Antiquité montrent la nette coupure qui existe entre la divination astrale Mésopotamienne et la future astrologie Grecque2. Les Mésopotamiens ont longtemps observé les cieux de manière empirique, c'est-à-dire à l’œil nu, pour composer des présages, lesquels ne sont pas des prévisions3. Jusque vers 500 av. JC en effet, les hommes ne savaient pas prévoir les mouvements des planètes, ils les croyaient chaotiques, dépendant de la bonne volonté des dieux. De plus, ils n’utilisaient aucun des outils astrologiques de l’astrologie actuelle, mathématiquement très abstraite, lesquels sont nés bien plus tard en Grèce.

Autre erreur à ne pas commettre : le découpage en 12 parties égales n’a pas été fait pour des raisons astrologiques mais purement calendaires. La trajectoire apparente du Soleil forme un cercle non évident sur la voûte céleste, on l’appelle écliptique, il est le squelette du zodiaque des signes. Or, cette ligne a été découpée en 12 parties égales vers 800 av JC4 à un moment où les observateurs du ciel n’avaient accès qu’aux astres visibles la nuit et utilisaient d’autres constellations (18 pour le chemin de la Lune…). Vers 500 av JC on voit les devins Mésopotamiens calculer les positions des astres dans les signes astrologiques (plus simple) pour pouvoir les interpréter ensuite en les positionnant dans les constellations2, les deux repérages coexistaient donc pleinement. Juste après apparaîtront les premiers thèmes de naissance dont nous ayons la trace (419 av JC), peut-être parce que l’on pouvait enfin retrouver par le calcul les positions des astres plusieurs années plus tôt, même ceux invisibles au moment de la naissance.

C’est seulement vers 150 av. JC (650 ans après le découpage de l’écliptique en 12 parties égales) que l’astronome-astrologue Hipparque découvre la précession des équinoxes et commence à travailler sur des notions difficiles comme les lignes trigonométriques appliquées à l’astronomie, l’ascension des signes du zodiaque, etc. Pendant les trois siècles qui vont suivre, l’astrologie se voit dotée des différents outils techniques nouveaux, que nous connaissons encore aujourd’hui : les aspects astrologiques, les maisons, etc. Mais le point de départ du zodiaque des signes variera d’un astrologue à l’autre jusqu’à ce que l’astronome-astrologue Ptolémée synthétise les avis de son temps pour codifier la technique et les symboles astrologiques que nous connaissons encore aujourd’hui. 300 ans après Hipparque donc, il fixe une fois pour toutes le début du zodiaque des signes au point vernal, lequel se déplace sur la sphère céleste, et permet définitivement que le Soleil passe sur le point vernal au moment des équinoxes.

Mais n’oublions pas que ce choix s’opère SCIEMMENT, ce pourquoi il est naïf et même insultant d’affirmer que les astrologues oublieraient le mouvement de précession des équinoxes dans leurs calculs. Le zodiaque des signes astrologiques a au contraire été choisi en pleine connaissance de cause afin de privilégier le symbolisme saisonnier de l’astrologie. Si critique il peut y avoir, à la rigueur que ce soit là : que les sceptiques montrent que le symbolisme des constellations marche mieux que celui des signes... sinon pourquoi REVENIR aux constellations alors qu’elles ont été mises de côté par l’astrologie il y a maintenant presque 2.000 ans ?

Il est donc absurde d’écrire que « les Babyloniens ont fondé les signes du zodiaque sur la constellation dans laquelle le soleil est le jour où une personne naît ». Le passage a eu lieu bien plus tard.

Il est absurde aussi d’écrire que « L’astrologie est principalement fondée sur l’observation des cieux » : tous les astres ne sont pas visibles la nuit ! Et puis tous les sceptiques s’accordent parallèlement pour reprocher à l’astrologie de ne plus observer le ciel, de ne plus faire d’astronomie : il faudrait savoir ! Le système astrologique permet au contraire de calculer les positions des astres sans avoir recours à l’observation directe…

Il est enfin faux d’écrire que les Babyloniens avaient 13 constellations alors que la voie de la lune en contenait encore 18 vers 1.100 av. JC et que des constellations vont changer au fil des siècles ! L’histoire de l’astronomie Babylonienne s’étend sur plusieurs millénaires, il est inadmissible de caricaturer l’histoire des sciences de la sorte.

 

1. Kunth et Zarka, Que sais-je ? L'astrologie, Presses universitaires de France, 2005, p73

2. Bezza, sur les origines de l’astrologie, Revue universitaire Sciences et Techniques en perspective, 2ème série, vol. 6, 2002, compte-rendu de doctorat en histoire et philosophie des sciences.

3. Bottéro, Initiation à l’Orient ancien, Seuil, 1992

4. Les dossiers d’archéologie N°191, mars 1994, encore référence en la matière

 

 

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