Il
fallait bien en arriver à mettre en doute l’opportunité de
la prédiction en astrologie, ou la capacité des astrologues
à la maîtriser (voir le compte-rendu de l’A.G.) Ce constat,
fait en Assemblée générale, traduit un pic désormais
atteint de la crise qui se développe dans la profession
depuis 1985 environ. C’est une crise profonde. Elle a la
profondeur des crises que traversent dans notre société
actuelle toutes les sciences humaines, y compris médecine,
psychanalyse, yoga, religions, etc. Notre humanité est
devenue un orchestre sans chef : chacun y joue, tout seul,
son morceau préféré, mais tout seul on ne peut pas jouer les
grandes symphonies ni les opéras, et le public s’en va.
Pourtant les crises, si on n’en meurt pas, sont toujours
salvatrices ; elles purifient les organismes, les
rajeunissent et leur redonnent vigueur et croissance… à
condition de faire le bon diagnostic et la bonne
prescription.
Nous
devons nous poser la question du pourquoi de la difficulté à
pratiquer la prévision à partir du thème astrologique, y
compris la mondiale. Si nous réussissons le diagnostic,
c’est toute la pratique astrologique qui pourrait faire un
bond en avant puisqu’il s’ensuivrait nécessairement un
enrichissement de l’interprétation, donc, peu à peu, une
amélioration de l’image de l’astrologie… et de la trésorerie
des astrologues. Ce ne sera pas facile car les populations,
en général, sont saturées de discours, publicités et
promesses, et ne s’intéressent qu’à des recettes faciles et
que l’on veut automatiques. Tandis que l’astrologie est
surtout un renvoi à un dialogue éclairé entre soi, les lois
de la vie et les exigences de celle-ci proposées au sujet
dans le thème astral. D’une part, le consultant a ses
propres envies, besoins, aspirations ; il a aussi la culture
qu’il a reçue ou qu’il s’est donnée ; d’autre part, il y a
les exigences de la vie pour faire grandir la personne,
l’éveiller, la parfaire, la ramener éventuellement dans le
cadre de l’unité de l’Univers, développer sa conscience,
en même temps que la faire participer, à sa place et
avec ses différences, à l’évolution continuelle du Monde
(le Monde est notre champ d’exercice ou notre laboratoire ;
c’est aussi, en même temps, la Création à parachever).
Il n’y a
rien à dire sur les exigences, besoins, aspirations des
personnes. En général, ces revendications s’expriment bien
et de façon précise. Ce sont elles qui conduisent les
personnes vers l’astrologue. Il en est tout autrement dans
notre culture actuelle des exigences supérieures de la Vie ;
elles sont inconnues, oubliées, ignorées, méprisées, et le
plus souvent refoulées ; il suffit de prendre conscience de
l’incapacité de nos « élites » à analyser correctement les
problèmes de la Nation et à y trouver des solutions ;
chômage, violences, écologie, médecine et religion compris.
Et pourtant la Vie est là, même si on ne la voit pas, et
elle est là depuis l’origine du Monde, bien avant l’Homme,
avec la rigueur de ses exigences. A moins de considérer que
la vie relève du hasard, que tout donc est hasard et
adaptations, y compris notre existence Dans cette hypothèse,
l’astrologie serait une absurdité et la prévision une
tromperie : les « lois » régissant (?) le hasard étant
fort difficiles à cerner, mieux vaudrait conseiller à nos
clients de se munir d’un parapluie protecteur ou de
développer la puissance de leurs biceps ; et, pour ceux qui
exigeraient malgré tout une prévision, nous pourrions sortir
le coffret à jetons pile-ou-face.
Mais
l’astrologie existe. Elle est fondée sur l’énergie unitaire
à l’œuvre dans l’Univers, sur la coordination et l’entraide
entre tout ce qui vit et bouge dans le Monde, y compris la
marche des astres. C’est comme si l’Univers avait démarré
sous la pression d’un objectif à atteindre, d’un grand
projet à réaliser. Par la part connue de notre système
solaire, nous pouvons penser qu’il s’agissait (qu’il s’agit)
de développer des consciences à partir de son opposé qu’est
la matière, à partir des résistances et des incitations de
la matière, d’où le « combat » entre notre corps et notre
esprit… qui développe notre conscience, mais qui engendre
le mal-vivre si on ne peut lui donner un sens. Du moins tel
est le résultat, « voulu » ou non. L’astrologie est censée
éclairer ce combat, éclairer notamment les exigences des
Carrés et Oppositions.
Si nous
comprenons bien les revendications et aspirations de nos
consultants, par contre il faudrait que nous connaissions
aussi les exigences de la vie en général et celles plus
particulières inscrites dans le thème des consultants. Sinon
nous ne pouvons que pratiquer une « petite » astrologie qui
ne serait, en réalité, qu’une psychologie. Or les
aspirations supérieures de la personne (celles qui
provoquent de graves maladies quand elles sont exigeantes et
non satisfaites), et qui sont inscrites dans son thème,
exigent davantage que de la psychologie, comme l’expérience
nous en informe. Ces exigences sont plus importantes que
jamais dans notre société actuelle, et elles sont aussi
devenues gravement quasi inconscientes par les orientations
de notre culture trop exclusivement matérialiste.
L’astrologue doit donc, si besoin, les ramener au niveau du
conscient, les clarifier pour pouvoir les traiter… en
remontant des difficultés que rencontre la personne.
C’est là
un travail impossible à réaliser sans les données du thème
astral et une connaissance des exigences de la vie, de ses
lois à connaître et à respecter. C’est tout le sens de
l’existence, et le sens de la vie qui lui est sous-jacent,
que nous rencontrons là. Les « événements » que le
consultant rencontrera (la prévision) sur son parcours
existentiel traduiront les phases de combat qu’il doit
apprendre à identifier, à comprendre et à maîtriser pour
développer sa conscience et celle du Monde ; événements tels
que patrimoine familial, héritages, promotions, rencontres,
intuitions, grands rêves, maladie, accidents, état de la
société, etc. Par rapport aux énergies en jeu dans le thème,
par rapport à la maîtrise que le sujet en a ou n’en a pas,
par rapport à sa situation familiale, sociale,
intellectuelle, par rapport à sa santé, par rapport à tout
ce que le dialogue de la consultation nous a appris et
éclairant alors les transits, ou autre moyen de prévision,
nous pouvons alors faire une prévision suffisamment juste.
Et si elle est juste, elle aidera grandement le consultant à
mieux vivre. L’image de l’astrologie dans notre société en
sera bénéficiaire.
Il
serait sans doute vain d’engager une campagne de presse à
partir d’une astrologie si peu sûre d’elle, si réductrice
au point d’envisager l’occultation de l’une de ses branches
maîtresses : la prévision qui est l’éclairage du chemin que
le consultant devra parcourir pour trouver la nourriture qui
lui convient et qui convient au Monde. Il serait sans doute
préférable que la Fédération ouvre un débat sur le sens de
l’existence, sur le sens de la vie ; même pour démontrer au
besoin qu’il n’y en a pas, que c’est une fausse question. Un
tel débat n’a jamais eu lieu vraiment dans les temps
actuels, et, en dehors des religions qui le maintiennent au
simple niveau de la morale, seuls quelques philosophes et
humanistes ont abordé cette question avec beaucoup de
prudence. La prévision mondiale est de même nature que
l’individuelle : elle concerne des « associés » au lieu d’un
individu. Que chacun s’exprime donc… à moins de penser que
chacun a sa vérité et en use à sa façon.
Puisse
la lumière revenant avec le symbolisme du proche solstice
nous dynamiser sur ces questions si importantes pour
l’Homme. Heureuses fêtes de fin d’année pour tous.
Ferdinand DAVID, le 14 novembre 2006
ferdinand.david@laposte.net