les "Astro Plumes" |
Réponse d'ALAIN DE CHIVRÉ
à la FLAMBOYANTE PARADE d'ANDRE BARBAULT
Cher André Barbault J’ai lu avec une extrême attention votre belle et très sincère réaction à la dernière Lettre des Astrologues N°’47 automne 2007. Cette Lettre N°47 avait pour but d’amorcer un rééquilibrage de la pratique astrologique : moins de prévision, plus de méthodologie. Cette proposition de rénovation revêtait donc - dans mon esprit au moins - une grande importance. Le cœur de votre démonstration est on ne peut plus clair puisqu’elle finit par ces mots « la prévision réussie est vraiment le sacre de l’astrologie », cette dernière phrase n’étant que le rappel du titre même de votre texte « le sacre de l’astrologie ». Dans votre plaidoirie (brillante sur la forme et surprenante sur le fond), vous reconnaissez le « malaise profond » dans laquelle notre discipline est actuellement plongée. Vous attribuez à ce marasme la même cause que j’ai moi-même pointée. Vous évoquez « le fiasco des prédictions , le galvaudage charlatanesque effroyable, la pratique miséreuse, et surtout les prévisions mondiales sensationnelles ratées de l’entrée du siècle » qui, vous le soulignez, ont eu « leur effet dévastateur ». Un peu plus loin, vous faites allusion au « massacre encouru de l’exercice (de la prédiction) par d’indignes ou incapables confrères ». Vous allez même jusqu’à condamner sans ménagement et sans appel l’astrologie horaire. Vous confirmez là de façon plus péremptoire que moi et de manière beaucoup plus sévère les propos que j’ai tenus. Là où devant le spectacle d’un tel désastre, je suis amené à proposer d’arrêter les frais, de rectifier la situation, de faire preuve de sagesse, d’esprit critique, et surtout d’une attitude constructive et réformatrice, vous intervenez sous la forme d’une lettre ouverte en prenant très officiellement et avec témoins le contre pied de ma proposition. Les bras m’en tombent. Reconnaissez l’énorme paradoxe de votre position : comment pouvez vous envisager de couronner une pratique qui « rate » son propos régulièrement ? Vous dressez un tableau catastrophique de la situation, vous en rajoutez en faisant l’aveu de vos propres échecs (guerre de 39 et catastrophes naturelles) puis vous concluez en criant « vive la prévision ». Quelle drôle de sacre et quelle étrange ambigüité !
Je souhaite donc que vous m’expliquiez l’antinomie de votre démonstration car, dans l’immédiat, je ne comprends pas. Je crains que nos adhérents soient quelque peu décontenancés par ce pavé dans la mare de la Fédération à un moment important ou semble se dessiner une véritable rénovation. Je sais que la prévision est un sujet sensible dans le milieu astrologique. Ce n’est pas d’aujourd’hui mais sur ce plan les principes de la FDAF ont toujours été très clairs . Tous les documents fondateurs de la Fédération font état d’une volonté de restaurer l’image de notre discipline en évitant la confusion avec les arts divinatoires. C’est écrit noir sur blanc dans nos documents de présentation (particulièrement le trois volets que nous distribuons dans tous les congrès depuis 1996) Le code de déontologie, que vous avez vous même cautionné, affiche la couleur aussi clairement avec : Art. 1 "Les astres inclinent mais ne déterminent pas" Art. 5 [;;;] L'astrologue proscrit toute pratique ayant trait à la superstition. Art.7 [...] Dans ses informations sur ses activités, dans ses propos, l'astrologue (membre de la FDAF) s'abstient de toute démonstration excessive avec des promesses miraculeuses. Il fait preuve de tact et de sérieux. Il aborde toute question prévisionnelle avec la plus grande prudence et s'interdit de prédire formellement des évènements touchant à la vie physique ou à la santé de ses consultants ou de leurs proches. Je considère donc que ma proposition de rénovation s’inscrit dans la droite ligne de notre éthique . Après avoir identifié les vraies causes du marasme je présente des solutions réalistes :- constitution d’un label destiné à nous différencier des arts divinatoires- réalisation de modèles et protocoles cliniques pour la consultation- mise au second plan de la prévision et reformulation de la pratique prévisionnelleEt là, surprise, grosse surprise : vous me barrez le chemin avec une démonstration triomphale qui met à l’honneur les effets d’annonces, les « prises de risques », les pronostics spectaculaires qui « font mouche » comme si l’astrologie devait être confondue avec une vulgaire « roulette zodiacale » : on perd ou on gagne. Moi qui suis un praticien laborieux exerçant son art au quotidien, je suis choqué. Jusqu’à ce jour j’étais persuadé que l’astrologie était une discipline de l’esprit qui plaçait l’homme au centre de ses préoccupations et bien, cette fois, votre plaidoirie très objectale me met vraiment mal à l’aise. Je n’y retrouve pas mes classiques. Je vous cite (dans Prévisions de l’avenir chez Grasset ) : « L’événement lui-même, en tant que tel, ne figure pas dans les coordonnées de la configuration : seule y est incluse la tendance psychologique qui , à l’arrière plan, sous tend cet événement quelque peu comme pousse une plante sur un terrain donné … » « La prévision astrologique est essentiellement une prévision psychologique en même temps qu’une psychologie prévisionnelle … » Ou encore : « Au lieu de véritablement prévoir l’avenir, l’astrologie ne fait le plus souvent que nous éclairer sur lui … » J’entends encore votre déclaration mémorable sur la radio Europe 1 : « L’astrologie a besoin de la liberté pour être sauvée »
Cher André Barbault, vous savez l’estime que je vous porte et la reconnaissance que je vous dois pour avoir accepté de figurer au tableau des membres d’honneur de la Fédération. Vos qualités humaines, votre sensibilité, votre talent littéraire, votre culture et bien sûr votre contribution au savoir astrologique … tout cela m’inspire forcément un grand respect. Envers et contre tout, il faut que éclaircissions ce malentendu. Vous avez choisi de le rendre public . Cela nous obligera donc à rendre compte de nos échanges ultérieurs devant les adhérents. Ces échanges ont toujours été courtois jusqu’à maintenant, je souhaite que cela continue. Ce débat contradictoire a des vertus positives. Il faut que l’astrologie grandisse. Je compte toujours sur vous. Alain de Chivré |